Plusieurs journaux en France ont mis en lumière les positions des partis politiques et des candidats individuels concernant l’achèvement de la ligne à grande vitesse Turin-Lyon. Dans le débat, outre le tunnel lui-même, il y a aussi la question du chemin de fer entre Lyon et Saint-Jean-de-Maurienne, qui comprend l’augmentation de la capacité de transport par des modifications de tracé et des tunnels.

Deux grands opposants dans le passé

Jusqu’à présent, le projet Lyon-Turin s’est heurté à deux opposants principaux, en plus de quelques associations et groupes organisés. D’une part, le Rassemblement national exprime depuis des années son opposition au projet – dans un esprit de fermeture substantielle du marché national interne, plutôt que sur la ligne ferroviaire elle-même.

D’autre part, les écologistes et la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon s’y sont opposés invoquant sous diverses formes la nécessité de réduire le transport de marchandises et considérant l’impact en termes de CO2. La construction elle-même en produirait tellement que le nouveau transport mettrait des années à la compenser.

En arrière-plan, moins visible que du côté italien, on trouve également le groupe d’intérêt du transport routier, constitué en partie par les concessionnaires et en partie par le système de transport routier (entreprises, logistique, approvisionnement). Les sociétés françaises des tunnels du Mont-Blanc et du Fréjus ont adopté ces dernières années une position plus orientée vers la réduction des impacts environnementaux et des émissions de CO2, et ont également continué à faire leur travail de concessionnaires sans trop s’impliquer dans le système global d’infrastructure franco-italien.

L’assouplissement du Rassemblement national

Après la dissolution décidée par le président Emmanuel Macron alors que le dépouillement des élections européennes était toujours en cours le 9 juin, différents scénarios se dessinent, comme une majorité relative au Rassemblement national ou encore une Assemblée nationale dans laquelle il sera difficile voire impossible de trouver des accords pour adopter des décisions et des lois.

En ce qui concerne Turin-Lyon, il convient de noter certains signes d’assouplissement du Rassemblement national de Marine Le Pen. Ces positions doivent être prises avec prudence : il s’agit de premières indications à l’approche des fonctions gouvernementales du RN, sans positions encore définitives.

Parmi ces signes, Marie Dauchy, RN et conseillère municipale à Saint-Jean-de-Maurienne, a déclaré lors de la campagne pour les élections européennes que « il n’y a plus d’opposition ». Le travail est bien avancé, il y a des retombées pour la Maurienne : mais ce n’est pas un soutien au fond du projet. Le principe de fermeture nationale du marché était en effet l’un des principes cardinaux du RN.

La fracture à gauche

L’autre côté critique est celui de la gauche. Ces derniers temps, le rôle de la France Insoumise et des écologistes s’est réduit. La voix plus gouvernementale de La Place Publique et des socialistes classiques a pris plus de poids.

La gauche est désormais fracturée sur la question de Turin-Lyon : d’un côté, les écologistes (par exemple avec les maires de Lyon et de Grenoble) et la France insoumise s’y opposent, de l’autre, le centre-gauche de La Place Publique et les socialistes y sont favorables.

Dans un communiqué du 14 juin, François Chemin a décidé de démissionner de son poste de secrétaire du Parti socialiste en Savoie parce que la candidature de Daniel Ibanez au Nouveau Front Populaire dans la 3e circonscription, y compris la Maurienne, a été retenue. Ibanez est un opposant notoire au Turin-Lyon, il n’a aucun espoir d’être élu, mais la rupture provoquée est pourtant évidente.

Tous les autres sont favorables

Le reste du monde politique est pour. La majorité relative sortante l’est pleinement, et cela a été rappelé par plusieurs élus. Le Premier ministre sortant Gabriel Attal s’était déjà rendu à Modane et sur le chantier du tunnel le 14 mai dernier lors de la campagne pour les européennes.

Les Républicains – canal historique (donc pas Eric Ciotti qui s’est allié au RN) est également tout à fait favorable, comme l’ont exprimé de nombreux maires et candidats locaux, comme Émilie Bonnivard pour la circonscription de Maurienne, LR canal historique. Le président de la région Auvergne Rhône-Alpes lui-même, Laurent Wauquiez, aujourd’hui candidat à l’Assemblée nationale, avait été décisif pour l’achèvement du financement des études sur le tronçon entre Lyon et Saint-Jean-de-Maurienne.

Pour l’extrême droite, Éric Zemmour a également exprimé une position favorable, suggérant une approche économique plus ouverte aux échanges dans son mouvement que dans celui du Rassemblement national.

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Directeur de Nos Alpes, journaliste. Il a collaboré avec des magazines et des journaux italiens, de Mulino à Limes, de Formiche à Start Magazine.

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