Marco Bucci est le nouveau président de la Région Ligurie, avec 48,7 % des voix, un point devant Andrea Orlando, candidat des forces de gauche. Maire de Gênes, il s’est forgé une image de leader capable d’agir pour la reconstruction du pont Morandi, dont il a été nommé commissaire extraordinaire en tant que maire.

Marco Bucci et les origines de sa candidature

Issu d’une carrière dans le privé, Marco Bucci a travaillé pour des entreprises des secteurs chimique et pharmaceutique comme 3M, Kodak ou encore Carestream Health. A son retour dans sa ville natale de Gênes en 2015, il est nommé à la tête d’une société publique d’investissement, Liguria digitale, avec, comme d’autres sociétés d’investissement numérique en Italie, une image de faible efficacité.

Rapidement intégré dans le monde politique régional, il a donné quelques signes d’efficacité, y compris à Liguria digitale, où il avait promis une large diffusion du dossier médical électronique (FSE, Fascicolo sanitario elettronico). Celui-ci s’est en effet développé dans une certaine mesure, mais doit encore être complété, notamment dans son utilisation par les Société sanitaires locales (ASL, Azienda sanitaria locale), qui gèrent les établissements de santé publique et les hôpitaux dans les différentes zones de la Région.

En 2017, il avait été candidat à la mairie de Gênes puis élu, soutenu par Edoardo Rixi, aujourd’hui vice-ministre des infrastructures et des transports mais alors assesseur (ministre) régional au développement économique. Rixi avait été annoncé comme candidat à la présidence de la Région en 2015, mais avait dû se retirer en faveur de Giovanni Toti, europarlementaire, alors encore « dauphin » de Silvio Berlusconi.

Quoi faire après Toti?

Toti a remporté les élections régionales, puis il s’est détaché progressivement de Berlusconi et il a mis fin à sa carrière politique et à sa présidence de la Ligurie en 2024 dans une affaire de corruptions diverses sur plusieurs dossiers, du port à l’établissement de sociétés commerciales en passant par la gestion des contributions électorales.

Au niveau régional, les forces de droite n’avaient aucune hypothèse sur la voie à suivre pour affronter les élections après le scandale Toti. Au niveau national, initialement Giorgia Meloni leader de Fratelli d’Italia et présidente du Conseil des ministres, Matteo Salvini leader de la Lega Salvini et Antonio Tajani pour Forza Italia semblaient être dans la même incertitude,

Pour eux, il s’agissait aussi d’un test national, car trois régions sont soumises au vote fin 2024 : l’Ombrie, l’Emilie-Romagne et la Ligurie. Après que la gauche ait désigné Andrea Orlando, député et ancien ministre, le nom de Marco Bucci est apparu. Il avait accepté après des doutes initiaux : il venait de terminer un traitement de chimiothérapie.

La fragilité de la ligne politique de la gauche avant et pendant la campagne électorale

La gauche, avec Andrea Orlando, sort des élections non seulement numériquement mais aussi politiquement vaincue, d’une part en raison de la faiblesse de son positionnement et d’autre part en raison des choix d’exclusion qui ont été faits avant la campagne.

En effet, même pendant le scandale Toti, aucune proposition de gouvernement alternatif n’a émergé en Ligurie. Dans les débats au Conseil régional, la gauche est restée sur un contenu d’opposition, sans préfigurer des propositions de gouvernement ou des axes de développement.

Ces positions faibles se sont retrouvées dans la campagne d’Andrea Orlando, qui a promu le renforcement la santé publique par rapport à celle privée (et non une amélioration des soins de santé publique) ou des péages autoroutiers et des billets de train moins chers (et non une réflexion sur l’isolement progressif de la Ligurie en raison de la saturation des voies d’accès). Il n’y a pas visibilité des thèmes de mobilité durable, y compris l’électrification des docks portuaires.

Sur un plan plus conjoncturel, la coalition de gauche a décidé, sous la pression du Mouvement 5 étoiles, de ne pas admettre la participation du parti de l’ancien Premier ministre Matteo Renzi, qui faisait également partie de la coalition de Giovanni Toti jusqu’à récemment. Andrea Orlando a peut-être perdu des soutiens et probablement des voix qui auraient rendu le résultat électoral plus serré.

Par conséquent, moins de personnes se sont rendues aux urnes, seulement 45%, dans l’ensemble de la région et dans la province d’Imperia, seulement 38%. Le vote s’est déroulé dans une profonde indifférence de l’opinion publique, avec une absence évidente de corps intermédiaires et d’associations, et surtout sans mobilisation de la gauche.

Marco Bucci à la tête de la Ligurie

Il ne faut pas s’attendre à de grands changements dans le gouvernement de Marco Bucci en Ligurie. Il a montré une capacité de décision sur certains grands travaux, mais il s’agira surtout de gérer l’existant et de soutenir les grandes infrastructures en construction, comme le Terzo Valico (le nouvel axe entre Milan et Gênes), ou la Gronda, le nouveau périphérique de la ville.

Aucun développement particulier n’est envisagé pour d’autres politiques absentes ou secondaires dans la campagne électorale comme dans les années de gouvernement municipal, de la qualité de l’air (dans le passé, Bucci a déclaré que Gênes avait de nombreux jardins publics), aux aqueducs et aux réseaux d’égouts, dont les travaux avec des fonds européens seront de toute façon soutenus, aux réseaux routiers mineurs et au développement des zones rurales et internes, à l’axe ferroviaire côtier vers la France, à moins qu’une impulsion de Rome ne se produise à cet égard.

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Directeur de Nos Alpes, journaliste. Il a collaboré avec des magazines et des journaux italiens, de Il Mulino à Limes, de Formiche à Start Magazine.

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