Enfermé entre des murs hauts et imposants infranchissables, entouré d’eaux sombres et profondes à l’aspect menaçant, les cris mystérieux de l’Homme au masque de fer résonnent encore à travers les bois de l’Île Sainte-Marguerite. Au cœur de cette célèbre localité située au large de Cannes se trouve le Fort Royal, qui sera bientôt restauré pour lui redonner la splendeur et le charme d’une légende ancienne jamais estompée.

L’Île Sainte-Marguerite à Cannes (c) CC BY-SA 4.0, CandiMa, Wikimedia Commons

L’Île Sainte-Marguerite à Cannes

Avec une superficie d’environ deux kilomètres, l’Île Sainte-Marguerite est la plus grande de l’Archipel de Lérins, situé dans le Golfe de la Napoule, en face de Cannes. Aujourd’hui, environ 152 hectares sont recouverts d’une forêt domaniale luxuriante, un refuge de paix intact où pins et eucalyptus créent un environnement ombragé idéal pour des promenades en pleine nature.

Ce paysage exceptionnel, offrant une vue sur la majesté des Alpes-Maritimes et du Mercantour mais aussi sur la sérénité de la baie de Cannes, abrite une réserve ornithologique et un sentier botanique. Sous les eaux tranquilles se trouve un écomusée sous-marin fascinant, embelli par les sculptures marines de l’artiste britannique Jason deCaires Taylor, installées en 2021 pour promouvoir l’art et la protection de l’environnement.

Les œuvres de Jason deCaires Taylor (c) CC BY-SA 4.0, Jennifer Roording, Wikimedia Commons

Une légende séculaire

Connue au VI siècle avant Jésus-Christ sous le nom de Lero, l’Île Sainte-Marguerite est d’abord habitée par les Ligures, qui chassés après l’installation des Romains, qu’y établissent un port et plusieurs villages jusqu’au Ier siècle après Jésus-Christ. Son nom actuel proviendrait, selon la légende, de la sœur de Saint-Honorat, Marguerite, qui aurait fait pousser un amandier chaque mois grâce à la seule force de ses prières.

Après avoir été possession espagnole entre 1635 et 1637, lors de la Guerre de Trente Ans, l’Archipel de Lérins est reconquis par la France, qui en fait une prison. Outre l’Homme au masque de fer, des prisonniers politiques algériens, dont la famille de l’émir Abd el-Kader, y sont détenus entre 1840 et 1880.

La forêt (c) CC BY-SA 4.0, Alexkom000, Wikimedia Commons

Des armes à la botanique

Parmi les trésors historiques, culturels et architecturaux de l’Île Sainte-Marguerite, on trouve les Fours à Boulets, deux fours situés à l’ouest et à l’est, construits par Napoléon Bonaparte en 1793 pour chauffer des boulets de canon. Douze de ces armes, fabriquées en 1862, sont visibles à la Batterie de la Convention, une fortification protégeant la pointe orientale de l’île.

La seule propriété privée de l’île, habitée en permanence par une vingtaine de personnes, est le Grand Jardin, un jardin botanique historique de 13 000 mètres carrés avec des arbres fruitiers et des plantes exotiques. Autrefois possession de personnages illustres comme le Cardinal de Richelieu et Louis XIV, il est associé au majestueux Fort Royal, construit par le même ministre et aujourd’hui siège du Musée de la mer.

Les canons (c) CC BY-SA 3.0, Qypchak, Wikimedia Commons

Le Fort Royal entre histoire et mystère

Crée au XVII siècle sur l’initiative du Duc de Guise, le Fort Royal domine le point culminant de l’Île Sainte-Marguerite et est longtemps utilisé comme prison d’État et prison militaire. Classé monument historique en 1927, il a fait l’objet de fouilles archéologiques en 1973, révélant les vestiges d’une double colonie ligure et gallo-romaine.

Renforcé structurellement par les Espagnols puis par Vauban, il est connu comme la prison de l’Homme au masque de fer, qui y est enfermé pendant onze ans dans une cellule toujours accessible aux visiteurs. D’autres prisonniers, comme six pasteurs protestants français après la révocation de l’Édit de Nantes, le maréchal Bazaine, qui réussit à s’en évader, ou l’évêque de Gand Maurice de Broglie, qu’y fait planter de nombreux eucalyptus sur l’île, y sont également détenus.

Le Fort Royal (c) CC BY-SA 4.0, Museesc, Wikimedia Commons

Le Musée de la mer de Cannes sur l’Île Sainte-Marguerite

Aujourd’hui, le Fort Royal abrite le Musée de la mer, où il est possible de visiter les différentes cellules et de plonger dans la dure et malheureuse existence des prisonniers qui y ont passé des périodes plus ou moins longues et difficiles. La cellule de l’Homme au masque de fer, dont l’identité reste inconnue, est orientée vers la baie mais protégée par d’épais barreaux de fer.

Les visiteurs peuvent également explorer la chapelle datant du XVIIe siècle, les casernes, la poudrière et les bastions du fort. Le Musée du masque de fer propose en outre une narration de l’histoire de l’île à travers des artefacts archéologiques terrestres et sous-marins, des expositions temporaires et une terrasse panoramique offrant une vue à couper le souffle.

Les monuments de l’Île Sainte-Marguerite de Cannes (c) CC BY-SA 4.0, Horizon06, Wikimedia Commons

Le projet de restauration

Depuis 2014, la Mairie de Cannes a lancé un programme de préservation et de valorisation du patrimoine culturel, dont fait partie intégrante le Fort Royal de l’Île Sainte-Marguerite, soumis à la dégradation du temps et à l’invasion de la végétation. D’où la nécessité de travaux urgents de restauration et de consolidation, entamés en janvier de cette année pour la rénovation du « Bâtiment T », une caserne datant de 1649 aujourd’hui utilisée pour des séjours scolaires ou des colonies de vacances.

Ce projet ambitieux, d’une valeur estimée à 1 685 862 euros, est au cœur d’un appel aux dons auprès des citoyens et des entreprises, lancée par la Fondation du patrimoine. Son objectif est de préserver non seulement un bâtiment historique mais aussi, de manière plus globale, l’identité d’une île qui est capable d’enchanter par sa beauté intemporelle.

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Née en 1997, j'ai deux licences en langues et littératures modernes, un master en journalisme 3.0 et une détermination inébranlable, le tout obtenu avec les meilleures notes. Passionnée d'écriture depuis l'âge de 7 ans et journaliste indépendante depuis 2021, j'ai participé à la construction de "Nos Alpes" en grandissant jour après jour et en apprenant à être meilleure. Dans le temps libre que j'essaie de me ménager, je cultive certaines de mes passions frivoles, notamment le rose et les sucreries, le shopping et le maquillage, mais surtout mes récits.

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