Le service de ferroutage ou Rolling Highway (RoLa), ou Autoroute Ferroviaire, qui permet depuis 2001 le transport ferroviaire de camions sur l’axe nord-sud entre Fribourg en Brisgau, en Allemagne, et Novara, en Italie, sera supprimé en décembre 2025.
C’est ce qu’a annoncé RAlpin AG, la société basée à Olten dans le canton suisse de Soleure, qui exploite le service, en expliquant que l’avance de trois ans par rapport à l’échéance initiale est due à des raisons financières, en raison des pertes causées par les interruptions temporaires de la ligne, en particulier en Allemagne.
L’annonce a également un effet sur l’Autoroute Ferroviarie Alpine franco-italienne, qui relie par la ligne ferroviaire historique du Fréjus, les gares de fret de Aiton en Savoie et d’Orbassano près de Turin.
Ce service a été interrompu le 27 août 2023 par le glissement de terrain en Maurienne. Cependant, même avec la reprise de la circulation le 31 mars dernier, il n’a pas été réactivé, en raison des paiements publics qui n’arrivent pas et pour de raisons financières.
L’élément économique est donc un facteur critique
L’élément économique est donc un facteur critique pour le transport combiné de marchandises accompagné.
Cependant, d’autres avantages demeurent en faveur du service franco-italien par rapport au scénario italo-suisse. Entre autres, il faut indiquer la réduction du nombre de véhicules lourds (et dans certains cas avec des marchandises dangeureuses) sous le tunnel routier du Fréjus, la disponibilité d’une ligne de backup pour le fret franco-italien et la réduction des retombées environnementale restent importantes.
Surtout, contrairement à l’Initiative des Alpes en Suisse, AlpTransit, le service franco-italien doit attendre l’achèvement de la ligne Lyon-Turin pour mettre des conteneurs sur des wagons, et créer ainsi un transport combiné de marchandises non accompagné correspondant.
Un service provisoire de 20 ans
La Rolling Highway, ou ferroutage (et à la frontière franco-italienne sous le nom d’Autoroute Ferroviaire Alpine – AFA) permet de charger des camions entiers sur des trains à plancher bas. Les chauffeurs, dans le service suisse, voyagent à bord, logés dans des wagons-lits.
Mis en place à titre de mesure provisoire dans le cadre de l’extension de la liaison ferroviaire transalpine AlpTransit, le service était donc exploité par RAlpin. Il s’agit d’une entreprise commune entre BLS SA (Chemins de fer bernois, avec BLS Cargo en son sein), Hupac SA (leader suisse du transport combiné) et CFF SA (Chemins de fer suisses). Au fil des ans, il a permis de transférer jusqu’à 80 000 camions par an de la route au rail, contribuant ainsi à la transition modale et à la réduction des impacts.
Cependant, le projet était destiné à prendre fin avec l’achèvement d’AlpTransit (la nouvelle liaison ferroviaire alpine – NLFA), avec son transport non accompagné de conteneurs et de semi-remorques.
Limites opérationnelles et viabilité économique
Selon le communiqué de presse de RAlpin, bien que la demande des clients soit restée élevée – avec plus de 72 000 camions transportés en 2024 et un taux d’occupation moyen de 80 % – le service RoLa a souffert d’un nombre croissant d’annulations.
En 2024, environ 10 % des trains ont été annulés. La raison réside dans les chantiers planifiés ou soudains et autres perturbations sur le réseau ferroviaire, notamment en Allemagne.
Le bilan de l’année 2024 s’est soldé par une perte de 2,2 millions de francs.
Au cours des trois premiers mois de l’année 2025, 794 trains ont circulé contre 1 018 au cours de la même période en 2024, soit une diminution de plus de 20 %. Cette instabilité a conduit l’entreprise à évaluer les risques financiers et la difficulté de planifier à long terme. La rentabilité du service semblait donc compromise à moyen terme, malgré la demande du marché et le soutien financier du gouvernement suisse.
Une fermeture ordonnée
La fermeture aura lieu en décembre 2025 et coïncidera avec le changement d’horaire des chemins de fer. Les trois actionnaires, BLS, Hupac et CFF, garantiront le financement jusqu’à cette date pour permettre une cessation de service ordonnée. Le gouvernement, quant à lui, augmentera la contribution moyenne par camion transporté jusqu’à la fin de l’exploitation. Les 16 personnes employées par l’entreprise seront accompagnées vers d’autres solutions d’emploi.
La fin du service de ferroutage se traduira dans un premier temps par le retour sur la route d’une partie des marchandises. Entretemps, les véhicules seront adaptés au transport combiné non accompagné, sur la base de semi-remorques pouvant être déplacées à l’aide d’une grue.
L’avenir du transport transalpin de marchandises s’orientera donc vers le transport combiné non accompagné (par opposition au transport accompagné). Entre autres, des innovations en matière de chargement des trains sont attendues.
Selon RAlpin, le transfert modal de la route au rail reste stratégique pour la Suisse, qui y a investi d’importantes ressources au cours des 25 dernières années, avec des résultats évidents.
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