Le 25 juin 2025, l’Observatoire astronomique de Saint-Barthélemy a accueilli la présentation de la « Certification de la biodiversité des écosystèmes de la Vallée d’Aoste« . Le projet est animé par l’Institut Agricole Régional, la Cave Mont-Blanc de Morgex et La Salle, Coldiretti Valle d’Aosta, la Commune de Nus, l’organisme de certification CSQA et le Parc Naturel du Mont-Avic.
Soutenu par la branche valdôtaine du Programme de développement rural 2023-2027 – européen mais centralisé au niveau de l’État italien – il a été créé dans le but de promouvoir la durabilité environnementale et de valoriser les spécificités agricoles locales grâce à un système innovant de reconnaissance écologique.
L’initiative s’inscrit dans le cadre des actions internationales pour la protection de la biodiversité, initiées avec le Programme des Nations Unies pour la Décennie 2020-2030 du développement durable, mis en œuvre par le Green Deal européen. Malgré les processus de révision qui est en train d’accompagner l’augmentation des dépenses militaires, il a déjà initié une cascade d’interventions dans les États membres visant à redéfinir le rapport entre l’homme et l’environnement, dans une optique d’équilibre, de coresponsabilité et de régénération.
Dans tous les cas, les interventions doivent faire l’objet d’un suivi afin d’évaluer leurs impacts économiques et sociaux et de prévenir les risques greenwashing et d’élitisation qui peuvent exclure certains États ou territoires pour des raisons économiques.
L’histoire des certifications de biodiversité, au-delà de la Vallée d’Aoste
Les premières certifications de biodiversité sont issues de la Convention sur la diversité biologique (CDB) signée à Rio de Janeiro en 1992 par 150 chefs de gouvernement, qui ont reconnu la biodiversité comme un atout mondial et la ressource la plus importante des systèmes naturels de la planète. Malgré les intentions, les conventions sanctionnées à l’époque ont été lentes à trouver des projets de mise en œuvre, tandis que la perte de biodiversité s’est aggravée, à son tour, avec la mise en œuvre d’activités humaines telles que l’agriculture intensive, l’urbanisation et le changement climatique, un aspect également mis en évidence dans les rapports de l’ONU.
Les premières directives européennes qui ont jeté les bases du contrôle et de la promotion de normes pour la conservation de la biodiversité sur le continent européen ont été les directives « Habitats » en 1992, qui ont fourni une base réglementaire pour la protection en encourageant les systèmes de contrôle et de certification.
Dans le secteur agroalimentaire, les certifications spécifiques à la biodiversité sont rares, plus facilement intégrées dans des normes plus larges, comme la production intégrée (SQNPI), ou les certifications biologiques (Règl. UE 2018/848) qui promeuvent la protection de la diversité naturelle par des pratiques telles que la réduction des pesticides, mais qui sont principalement orientées vers les techniques agronomiques.
L’état des lieux en France et en Suisse
En France, la HVE (Haute Valeur Environnementale) a été introduite en 2011, qui accrédite les exploitations agricoles qui réduisent leur impact sur l’environnement avec des critères de biodiversité.
L’Office Français de la Biodiversité (OFB), propose le Label Biodiversité, une certification pour la gestion durable des écosystèmes, notamment dans les zones agricoles et forestières.
En Suisse, BioSuisse, qui réglemente la norme biologique dans la Confédération, inclut également des exigences en matière de biodiversité, certifiant par exemple, en Valais, les entreprises qui protègent les variétés alpines.
Le protocole de la World Biodiversity Association appliqué dans le Val d’Aoste
La « Certification de la biodiversité des écosystèmes en Vallée d’Aoste » applique le protocole de la World Biodiversity Association ( WBA ) , une association fondée en 2004 à Vérone dans le but de recenser et de protéger la variété des écosystèmes, en mettant l’accent sur les agriculteurs en tant que gardiens de l’intégrité environnementale du territoire.
En 2010, la WBA a lancé Biodiversity Friend®, un système de certification volontaire parrainé par le ministère italien de l’agriculture, de l’alimentation et des forêts, qui évalue les exploitations agricoles qui protègent la biodiversité au moyen d’indicateurs tels que la qualité des sols et la présence de pollinisateurs. Ce système est très répandu en Vénétie, en Toscane et en Émilie-Romagne, en particulier dans le secteur viticole.
Le projet du Val d’Aoste vise à impliquer les acteurs locaux dans un cercle vertueux afin de promouvoir la durabilité et la compétitivité, d’améliorer la qualité de la production agroalimentaire locale, de renforcer l’identité du territoire et de sensibiliser les producteurs et les consommateurs aux questions environnementales.
Opportunités et criticités de la certification de la biodiversité des écosystèmes dans la Vallée d’Aoste
Dans un marché de plus en plus orienté vers la durabilité, la marque offre la possibilité de renforcer l’économie alpine et le tourisme « vert » en augmentant la compétitivité et la valeur perçue des produits valdôtains.
Et encore, le rapport de l’Istituto Superiore per la Protezione e la Ricerca Ambientale (ISPRA 2023) souligne que les indicateurs de biodiversité aident à prévenir la dégradation de l’habitat, entraînant des avantages mesurables tels que la protection des espèces, l’amélioration de la qualité des sols ou l’augmentation de la résilience de l’écosystème.
Les problèmes critiques qui peuvent se poser sont les coûts, pour les producteurs et les consommateurs, qui peuvent limiter l’adhésion au système. À cela s’ajoutent d’éventuels impacts écologiques indirects, liés par exemple à l’utilisation d’emballages spécifiques, et le risque de pratiques de greenwashing.
Il est donc important, comme le veut le projet, d’adopter des normes strictes et un système de contrôle scientifique basé sur une vérification indépendante. Il est également essentiel de maintenir un dialogue constant avec le territoire, capable de faire ressortir les points critiques et les possibilités d’amélioration.
C’est ainsi qu’il sera possible de construire une voie réellement innovante, efficace et reproductible, capable de combiner durabilité environnementale, implication des communautés locales et succès économique.
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