Alors que le processus de fusion des écoles se poursuit dans le Piémont, les écoles de montagne continuent de représenter une exception, ce qui les maintient en activité pour le moment.
Avec la diminution de la population, une réduction du nombre de « autonomies scolaires » (c’est-à-dire du nombre d’établissements scolaires qui gèrent des écoles) est en cours dans toute l’Italie, les administrations locales et le ministère simplifiant le réseau d’instituts, fusionnant les sites et réduisant le nombre de directeurs et de personnel administratif.
Cependant, dans les territoires de montagne du Piémont (et dans d’autres zones considérées comme périphériques dans les plaines ou les collines) où l’école est considérée comme un bastion culturel et social indispensable, la logique de la «derogation » prévaut.
Le concept représente une forme d' »exception provisoire », et non une politique structurelle pour les montagnes, à laquelle tendent par ailleurs divers instruments, par exemple la Stratégie des zones internes, financée par des fonds de l’État, ou le récent Rapport sur la montagne du ministère des Affaires régionales et de l’Union des communes de montagne (UNCEM).
Une dérogation, en sa nature temporaire, indique que la pression pour fermer les écoles de montagne va se poursuivre. En effet, pour les maintenir ouvertes, une demande des municipalités concernées et l’identification de formes de financement au cas par cas et sur une base annuelle sont toujours nécessaires.
La dérogation montagne comme mesure de survie pour les écoles
En 2025, la Région du Piémont a reçu des demandes de dérogation de la part de 103 écoles réparties dans 69 communes de montagne ou dans des zones considérées comme marginales ou périphériques, même en plaine ou dans des collines. Parmi ces écoles, sept entrent dans la catégorie des « dérogations de dérogations« , c’est-à-dire des écoles dont le nombre d’élèves inscrits est particulièrement bas et qui ont besoin d’une autorisation extraordinaire pour éviter la fermeture.
Les écoles de la catégorie « dérogation des dérogations » sont, par exemple, l’école secondaire de Fenestrelle (1 145 mètres au-dessus du niveau de la mer), avec 16 élèves, et le jardin d’enfants de Meana di Susa, avec 9 élèves. L’école maternelle de Pragelato, à 1580 mètres d’altitude, compte 5 enfants et celle de Roure (860 mètres d’altitude), 9. Enfin, l’école secondaire de Sestriere (2 035 mètres d’altitude) compte 13 élèves.
En revanche, les écoles primaires de la « dérogation des dérogations » de Montalenghe, avec 6 enfants, et d’Orio Canavese, également avec 6 inscrits, sont situées dans une zone considérée comme marginale, dans la plaine du Canavais, entre Caluso, Strambino et San Giorgio.
Une garnison contre le dépeuplement
Le 14 mai 2025, la Région avait approuvé une nouvelle dotation de 433 000 euros pour l’année scolaire 2025/2026, destinée à soutenir les écoles et les crèches des zones de montagne. L’intervention vise à garantir le droit à l’éducation dans les villages, tout en renforçant la cohésion des communautés locales. Le plan régional intervient surtout dans les classes multiples et dans les cas où le nombre d’élèves n’atteint pas les seuils minimaux requis par la réglementation nationale.
La mesure est accompagnée d’un appel d’offres adressé aux syndicats de montagne, qui peuvent présenter des projets visant à augmenter le nombre de personnel éducatif dans les écoles maternelles, primaires et secondaires.
L’initiative est le fruit d’une collaboration entre le département de l’éducation, dirigé par Elena Chiorino, et le département du développement et de la promotion de la montagne, dirigé par Marco Gallo. L’école, dans la communication de la Région Piémont, n’est pas seulement une institution éducative, mais un instrument de cohésion du territoire.
Ce thème n’est pas nouveau : dès le début des années 2000, la Région Piémont a alloué des ressources importantes pour soutenir les écoles de montagne. En 2006, un protocole d’accord a été signé entre la Région et le Ministère de l’éducation et de la recherche pour garantir la continuité de l’enseignement et préserver le personnel des écoles de montagne.
Cependant, vingt ans plus tard, la logique sous-jacente reste celle de l’exception de la montagne, de la dérogation, et non celle d’une politique structurelle adaptée au contexte territorial.
Le contexte du dimensionnement général des écoles
Entre-temps, le reste du réseau scolaire piémontais est engagé dans un processus de réduction prévu par la réforme ministérielle liée aux fonds NextGenEU, le Plan national pour la relance et la résilience (PNRR), qui correspond à la « France Relance ».
Le plan italien vise à réduire le nombre d’autonomies scolaires (c’est-à-dire les formes d’organisation qui gèrent des groupes d’écoles) par rapport à la baisse de la population étudiante. Dans l’ensemble de la Région du Piémont, quinze fusions sont prévues, dont sept dans la ville de Turin.
Les opérations doivent être achevées d’ici septembre 2026. Le ministère a fixé un seuil moyen de 938 étudiants pour maintenir l’autonomie d’un institut. L’objectif est d’éliminer les « régences », c’est-à-dire les cas où un directeur doit gérer plusieurs écoles, et de concentrer les ressources sur des bâtiments scolaires plus récents et plus fonctionnels. La question est également pertinente pour le parc immobilier des écoles, afin de concentrer les investissements de modernisation sur certains d’entre eux seulement.
Pour sa part, la Ville métropolitaine de Turin a déclaré qu’elle ne proposera pas de fusions « non partagées » par les écoles pour l’année scolaire 2026-2027, ce qui constitue également une position politique.
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