Joseph-Gabriel Rivolin nous offre un texte, paru dans la revue valdôtaine « Lo Flambò », à la fois riche et calme sur les racines de l’identité linguistique de la Vallée d’Aoste et sur l’évolution de la langue depuis le Ve siècle.
L’auteur écrit dans une revue destinée aux Valdôtains ; le lecteur s’y retrouvera néanmoins et saura apprécier la richesse d’un récit qui apporte des informations en partie familières en Vallée d’Aoste, mais plus rarement diffusées dans les territoires alpins voisins.
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À la fin du Ve et au début du VIe siècle la Vallée d’Aoste se trouvait aux confins entre l’Italie dominée par les Hérules d’Odoacre, puis par Théodoric roi des Ostrogoths, et le Royaume des Burgondes.
Venus probablement (comme les Ostrogoths) de la Scandinavie, en Germanie, les Burgondes s’étaient installés, après l’invasion, dans la Savoie et la Suisse romande actuelles, pénétrant peut-être aussi dans la haute Vallée d’Aoste ; alors que la ville et la basse Vallée étaient tenues par les Ostrogoths.
En 534 les Burgondes furent battus par les rois mérovingiens et leur royaume fut annexé au domaine des Francs qui avaient occupé la plus grande partie de la Gaule ; et en 553 les Ostrogoths furent écrasés par les troupes de l’empereur de Byzance.
Pour la Vallée d’Aoste ce fut une période de grave instabilité, aggravée par l’incursion, en 569, des Lombards, qui passèrent le col du Grand-Saint-Bernard et envahirent le Valais, territoire franc. La réaction du roi des Francs Gontran fut dure : une guerre ensanglanta les Alpes occidentales pendant six ans, au bout de laquelle les Lombards durent céder aux Francs le contrôle des cités et les vallées d’Aoste et de Suse.
En 575, un évènement important pour la Vallée d’Aoste
La date de 575, qui sanctionna l’assujettissement de la Vallée d’Aoste à la souveraineté des rois des Francs, marqua, comme l’écrit Lin Colliard dans La culture valdôtaine au cours des siècles, « un événement historique d’une importance capitale, dont les conséquences ont été déterminantes pour la destinée ethnique et linguistique » du peuple valdôtain. Elle établit en effet le passage de la région « à l’espace culturel franco-roman, exactement au moment où les divers groupements ethniques commençaient à se différencier et où les structures embryonnaires des langues néolatines venaient de s’esquisser. L’influence ethnique, linguistique, juridique, sociale et religieuse franco-burgonde se révéla décisive ; elle demeure la base de l’ethnie alpine et de la civilisation valdôtaine ».
C’est donc à partir de cet événement que la région tourna le dos à la péninsule italienne, pour s’adresser durablement vers les centres de pouvoirs d’au-delà des Alpes. C’est pourquoi la Vallée d’Aoste « vit le latin vulgaire évoluer par loi naturelle vers des formes franco-provençales et aussi bourguignonnes », écrit encore Colliard : « il était donc tout à fait naturel que, par ce phénomène d’osmose linguistique qui a caractérisé toutes les régions du Sud-Est de la France, la Vallée d’Aoste aussi eût accueilli assez tôt des formes foncièrement françaises. Ainsi, à cause de son substrat ethnique et de l’insertion de son territoire dans l’agglomérat gallo-romain d’abord et franco-burgonde ensuite, l’évolution linguistique de la Vallée s’effectua avec un déroulement parallèle et identique à celui qui eut lieu à Lyon, Chambéry et Genève ».
Au même titre que les Lyonnais, les Chambériens et les Genevois, les Valdôtains sont donc francophones à part entière depuis quinze siècles.
Le dialecte franco-romain qu’on appellera le francoprovençal
À l’époque des rois mérovingiens les habitants de la Vallée parlaient un dialecte franco-roman fortement influencé par les préexistences gauloises et burgondes : un dialecte qu’ils partageaient avec la Savoie et le Valais et qu’on appellerait, beaucoup plus tard et après une évolution plusieurs fois séculaire, le francoprovençal. À la fin du VIIIe siècle, la création par Charlemagne de la province ecclésiastique de Tarentaise, incluant les évêchés d’Aoste et de Sion, contribua à accroître encore les affinités culturelles et linguistiques des trois vallées respectives.
Les linguistes estiment, au sujet du francoprovençal, que nos patois sont des formes de « français » (c’est-à-dire de langue d’oïl) qui ont conservé des caractères archaïques, par rapport à leur proche parent, le dialecte que parlaient les rois de France et qui deviendrait, au XVIe siècle, la langue officielle de leur Royaume et des autres Pays francophones, y compris la Vallée d’Aoste.
Quelques textes religieux et hagiographiques inaugurent l’emploi du vulgaire « français » dès le IXe siècle ; mais la littérature de langue française ne naît vraiment qu’au début du XIIe siècle, avec un poème en dialecte anglo-normand : la Chanson de Roland. Pendant longtemps encore, les dialectes d’oïl – le picard, le wallon, le lorrain, le francien (c’est-à-dire le patois de Paris et de l’Île-de-France), le comtois, le bourguignon, le champenois, l’anglo-normand et les différents parlers de l’Ouest, ainsi que les patois francoprovençaux du Sud-Est – évoluent de manière autonome, s’approchant ou se différenciant entre eux.
Le francien, le langage employé par le roi de France et par sa cour
Au cours du XIIIe siècle, cependant, bien que le latin demeure la langue officielle de l’État et de l’Église, le francien – qui est le langage employé par le roi de France et par sa cour – prend le dessus sur les autres dialectes et se répand même en dehors de l’ancienne Gaule.
Cette diffusion amène à l’exigence d’une évolution de la langue en sens unitaire pour favoriser la communication entre les différentes communautés francophones : un processus qui se réalise au cours du XIVe siècle et qui aboutit au XVe, comportant d’importantes innovations grammaticales et syntaxiques. Les linguistes appelleront le résultat de cette évolution le « moyen français » pour le distinguer de l’« ancien français » caractérisé par la fragmentation dialectale.
C’est à partir de cette époque que les Valdôtains commencent à parler, et surtout à écrire, à côté de leur dialecte, celui de l’Île-de-France, devenu désormais la langue commune à tous les francophones : c’est depuis lors que s’implante, en plus de l’emploi du latin, notre bilinguisme français-francoprovençal, destiné à traverser les siècles jusqu’au début du troisième millénaire.
Le début de la production littéraire valdôtaine en français au XVe siècle
En Vallée d’Aoste, comme en Savoie, les différents patois francoprovençaux n’ont jamais exprimé de koïné littéraire jusqu’au XIXe siècle. La langue vulgaire qui y avait droit de cité auparavant, dans l’écrit notamment, était le français, et ce depuis le XIIIe siècle au moins, époque à laquelle remontent les premiers témoignages de l’emploi précoce du français et de la diffusion de la littérature française dans notre région.
Le XVe siècle marque le véritable début de la production littéraire valdôtaine en français : « Le critique objectif, remarque Lin Colliard à ce propos, ne manquera pas de souligner la portée d’un tel phénomène, qui suppose évidemment, dès le XVe siècle, la « francisation » de la masse, bien que celle-ci emploie (ainsi que de nos jours encore) le dialecte franco-provençal. Dialecte — voilà le point essentiel — qui appartient cependant « au domaine français » d’après l’aveu unanime des spécialistes italiens et étrangers.
Quant aux auteurs valdôtains du XVe siècle, il ne s’agit pas d’individus isolés que le hasard ou bien des raisons inconnues ont poussés à écrire en français plutôt qu’en patois ou en latin, mais d’écrivains qui, interprétant les instances culturelles du moment, se sont servis de la langue écrite qui se rapprochait le plus du franco-provençal. »
En 1536, la décision de l’assemblée des Trois Etats est rédigée en langue française
Le 29 février 1536 l’Assemblée des Trois États du duché d’Aoste, qui groupait la noblesse, le clergé et les représentants des communautés, fut réunie d’urgence par le bailli Mathieu de Lostan pour prendre des décisions capitales pour l’avenir du Pays. Il s’agissait d’établir si les Valdôtains entendaient rester catholiques ou adhérer à la Réforme protestante, et s’ils demeureraient fidèles à la maison de Savoie.
Le contexte politique était des plus difficiles : la Savoie et le Piémont étaient occupés par l’armée du roi de France, le duc Charles II de Savoie était assiégé dans Verceil, les Valaisans menaçaient les frontières de la Vallée et un parti aguerri de notables valdôtains prônait la conversion au calvinisme. Les États délibérèrent en faveur de la fidélité à l’Église et à la dynastie ducale, et envoyèrent des représentants auprès de toutes les communautés, pour propager la nouvelle. Il était important que ces décisions soient connues, bien comprises et partagées par la population tout entière : c’est pourquoi le procès-verbal de l’assemblée fut rédigé non seulement en latin, comme d’habitude, mais aussi en français.
En 1539, en France, l’édit de Villers-Cotterêts
Le même souci, que le peuple comprenne les actes officiels, poussa trois ans plus tard, le 15 août 1539, le roi de France François Ier à introduire dans son édit de Villers-Cotterêts, portant réforme de la justice, des articles spécifiquement consacrés à la langue. Voulant que les actes publics soient clairs et compréhensibles, il ordonna que les « registres, enquêtes, contrats, commissions, sentences, testaments et autres quelconques actes et exploits de justice, ou qui en dépendent, soient prononcés, enregistrés et délivrés aux parties en langage maternel français et non autrement ».
L’exemple de François Ier fut suivi par le duc Emmanuel-Philibert de Savoie qui, ayant entrepris une vaste œuvre de modernisation de ses États, décida de remplacer, dans les documents officiels, le latin (que le peuple ne comprenait pas) par les langues vulgaires, « chaque province la sienne » : c’est ainsi que, le 21 septembre 1561, par l’édit de Rivoli, il officialisa l’emploi du français dans tous les actes publics rédigés dans le duché d’Aoste, « ayant toujours et de tout temps été la langue française en notre Pays d’Aoste plus commune et générale que point d’autre, et ayant le peuple et sujets dudit Pays averti et accoutumé de parler la dite langue plus aisément que nulle autre ».
Le français et son emploi populaire
Le français du XVIe siècle ressemblait déjà beaucoup à celui que nous connaissons aujourd’hui et avait fait l’objet des attentions amoureuses d’un groupe d’écrivains du Val de Loire (la « Pléiade »), qui s’étaient attachés à sa défense et à son illustration, en l’enrichissant par des néologismes tirés du grec et du latin et par des emprunts aux différents parlers régionaux. Un siècle environ après la délibération des États valdôtains et l’édit de Villers-Cotterêts, en 1635, le cardinal de Richelieu fonda l’Académie Française, dont le but fondamental était (et est toujours) de veiller sur la qualité et l’évolution de la langue. Le français avait désormais acquis des lettres de noblesse qui en faisaient langue nationale des Français, l’expression linguistique commune à tous les peuples francophones et un instrument de communication qui allait acquérir un rôle international.
Dans les siècles suivants, la connaissance du français et son emploi à l’oral et surtout à l’écrit, furent étroitement liés à la diffusion de la scolarité parmi les classes populaires. Le système scolaire médiéval était de matrice ecclésiastique et se fondait essentiellement sur la connaissance du latin ; la première école valdôtaine « laïque » dont on a connaissance fut instituée par des notables de Perloz et Lillianes l’an 1600.
Le Collège Saint-Bénin
Dans les mêmes années le pape Clément VIII, sur instance du Conseil des Commis, institua le Collège Saint-Bénin, par bulle du 1er février 1597 : son administration fut confiée conjointement à l’évêché, aux Commis eux-mêmes et à la municipalité d’Aoste.
L’activité didactique du Collège, destinée à satisfaire le besoin d’une instruction de niveau supérieur, débuta en 1604 et contribua de manière déterminante à former la classe dirigeante valdôtaine jusqu’à l’époque contemporaine. De nombreuses autres fondations d’écoles dans toute la Vallée s’échelonnèrent au cours des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, plus de trois cents, répandant l’instruction dans les villages les plus reculés et contribuant à élever progressivement le niveau culturel de l’ensemble de la population.
L’officialisation du français donna lieu à la floraison d’une littérature franco-valdôtaine qui connut son apogée entre la seconde moitié du XIXe siècle et les premières décennies du XXe.
Nos écrivains des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, étaient des juristes, ou des ecclésiastiques, des nobles et des notables s’adonnant à l’hagiographie, à l’historiographie et à la littérature spirituelle. Les auteurs du XIXe siècle diversifièrent leur production culturelle en langue française et durent se confronter à un fait nouveau aux conséquences incalculables.
Le Statuto albertino de 1848
En 1848 le roi Charles-Albert promulgua la Constitution (le célèbre « Statuto albertino »), en créant le Parlement bicaméral. À l’article 62 cette nouvelle loi fondamentale du royaume sarde établissait que « La lingua italiana è la lingua ufficiale delle Camere. È però facoltativo di servirsi della francese ai Membri che appartengono ai paesi in cui questa è in uso, od in risposta ai medesimi ».
Le français était en somme toléré, chez les sénateurs et les députés savoyards, valdôtains et des Vallées Vaudoises ; mais un choix politique clair en faveur de l’italien était fait. On était désormais en plein dans le « Risorgimento » ; et le royaume de Sardaigne bilingue allait se transformer, treize ans plus tard à peine, en royaume d’Italie. Suivant les dogmes de l’idéologie nationaliste, le nouvel État se posa comme objectif de « faire des Italiens », en éliminant notamment les différences culturelles et linguistiques par l’imposition généralisée du dialecte florentin comme seule langue nationale.
Dès 1860 le gouvernement turinois supprima purement et simplement l’enseignement du français au Collège. La réaction des Valdôtains, toutes tendances politiques confondues, fut unanime : de vives protestations furent adressées aux autorités, qui, soucieuses d’éviter des remous politiques, firent marche arrière et en 1862 l’enseignement du français fut rétabli.
L’effort en faveur de la langue italienne
Ce n’était toutefois que partie remise : le gouvernement italien misa surtout sur l’école primaire pour éradiquer l’usage du français. En 1873 l’Institut Magistral d’Aoste, destiné à former les enseignants de cette école, ne fut autorisé à fonctionner qu’après avoir adopté l’italien comme langue instrumentale, l’enseignement du français étant réduit à deux heures par semaine.
Par la suite, en 1882 le Conseil scolaire provincial de Turin décida que ces cours se placeraient en dehors des heures de classe réglementaires et en 1884 le gouvernement réforma l’horaire des écoles primaires : désormais la moitié des heures de classe seraient réservées à l’italien. En 1888 la gestion du Collège passa de la Commune d’Aoste au gouvernement italien, qui y rendit l’enseignement du français facultatif.
L’autre domaine privilégié pour l’italianisation de la Vallée d’Aoste fut le tribunal. À partir de 1880 les actes furent rédigés en italien et les avocats furent invités à s’exprimer dans cette langue. L’insertion progressive de la Vallée d’Aoste dans le cadre de la péninsule favorisa l’assimilation linguistique : d’abord limité aux notables, l’usage de l’italien — ou au moins sa compréhension — se répandit dans les classes populaires entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, à cause de la nécessité de remplacer les liens sociaux et économiques traditionnels avec la Savoie par de nouveaux rapports avec les régions italiennes.
L’apogée de la littérature franco-valdôtaine pendant la diffusion de l’italien
L’administration locale de plus en plus italianisante, le commerce avec le reste de l’Italie, le tourisme naissant qui amenait dans la région des villégiateurs italophones et le service militaire dans des régions éloignées contribuèrent puissamment à ce phénomène, qui ne fit que s’accentuer malgré la faible résistance d’une intelligentsia consciente de la perte d’identité que l’évolution linguistique comportait.
La « Ligue Valdôtaine — Comité italien pour la conservation de la langue française dans la Vallée d’Aoste », fondée en 1909, œuvra surtout dans le milieu scolaire ; après la première guerre mondiale elle promut un premier projet d’autonomie linguistique et administrative, qui n’eut pas de suite.
La seconde moitié du XIXe siècle et le début du XXe, qui virent l’introduction musclée de la langue italienne, marquèrent paradoxalement l’apogée de la littérature franco-valdôtaine. Orientée auparavant presque exclusivement vers la production érudite et dévote, la culture régionale avait déjà vu se développer, dans les décennies précédant l’unité italienne, des expressions littéraires diversifiées : la poésie, le genre narratif, les sciences sociales et la philosophie.
La fondation de La Feuille d’annonces d’Aoste, en 1841, marqua la naissance du journalisme valdôtain, qui allait se développer de manière surprenante avec une quarantaine de titres plus ou moins durables créés dans l’espace d’un siècle.
Le fascisme
La francophobie des milieux politiques italiens, mobilisés contre la francophonie valdôtaine, atteignit son paroxysme pendant le Fascisme.
« Les autorités fascistes – a écrit André Zanotto dans son Histoire de la Vallée d’Aoste – n’attendirent pas longtemps pour mettre en exécution un vrai plan d’oppression de la langue française et des droits des Valdôtains. »
« Dès 1923 furent supprimées 108 écoles de hameau, qui étaient le rempart le plus efficace contre l’italianisation. (…) En 1924 une simple circulaire fit connaître les ordres péremptoires du gouvernement fasciste pour la suppression de toutes les enseignes, même bilingues, des bureaux publics (…). Les registres de l’état civil encore rédigés en français, furent écrits en italien dès 1925, et la langue italienne fut imposée dans les délibérations communales. (…) Un décret du 22 novembre 1925 supprima l’enseignement du français dans les écoles, même à titre facultatif. (…) Des ordonnances préfectorales décrétèrent la suppression des journaux Le Duché d’Aoste, Le Pays d’Aoste et La Patrie Valdôtaine. Dès 1928-29 les premiers noms français de communes valdôtaines furent traduits en langue italienne : Villeneuve devint Villanova Baltea ; Quart, Quarto Prætoria ; Aymaville, Aimavilla, et ainsi de suite. »
Les excès de la francophobie fasciste entraînèrent chez de nombreux Valdôtains une sourde réaction francophile, qui aboutit à la formation à la fin de la seconde guerre mondiale, d’un courant politique prônant l’annexion de la Vallée d’Aoste à la France.
On sait que l’annexionnisme valdôtain, tièdement soutenu par une partie du gouvernement gaulliste, finit par échouer : mais il ouvrit le chemin aux revendications régionalistes, autonomistes et fédéralistes — prônées notamment par les courageux pionniers antifascistes de la « Jeune Vallée d’Aoste » dès 1926 — qui se traduisirent en 1945 dans l’octroi à la région d’un régime politico-administratif particulier « in considerazione delle sue condizioni geografiche, economiche e linguistiche del tutto particolari ».
Vers l’autonomie en Vallée d’Aoste
Le statut spécial d’autonomie de 1948 prévoit l’égalité en droit des deux langues, l’italienne et la française : l’État italien a donc reconnu au niveau constitutionnel une diversité identitaire de la Vallée d’Aoste, par rapport aux autres Régions de la République, fondée sur trois éléments : la géographie, l’économie et le particularisme linguistique.
La spécificité géographique — le fait d’être une région de frontière entièrement montagneuse — a perdu en grande partie son importance : le milieu montagnard est présent dans toutes les autres régions et les confins n’ont plus tellement de sens dans le cadre de l’Union Européenne. Les conditions économiques de la Vallée sont aujourd’hui bien différentes de celles de 1945.
Le particularisme culturel, fondé sur le bilinguisme français-italien, demeure donc actuellement le seul fondement de l’autonomie politique de notre Région : ce qui implique à notre charge une grande responsabilité morale vis-à-vis de l’avenir des générations futures.
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Paru avec le titre Les racines de notre identité linguistique en « Lo Flambò – Le Flambeau Revue du Comité des Traditions valdôtaines », 71ème année, n.267n. 4 /2024, pages 6-13, que nous republions par aimable autorisation.
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