Le 3 novembre 2025, le Grand Conseil de Genève a confirmé la gratuité du stationnement pour les deux-roues sur l’espace public. Cette décision politique vise à fluidifier la circulation et à encourager l’usage des deux-roues, incluant motos, scooters et vélos.
Néanmoins, ces véhicules légers engendrent de plus en plus de tensions, avec un stationnement sauvage croissant, une cohabitation parfois difficile entre piétons et cyclistes, et des nuisances sonores.
La politique de gratuité, appliquée à environ 8 500 places en surface et 4 200 places dédiées créées depuis 2014, illustre un équilibre fragile entre fluidité, confort des usagers et gestion de l’espace urbain.
D’ailleurs, en 2023, le canton du Valais a adopté un règlement permettant de rendre payants les parkings à vélos situés sur des terrains privés. Le développement de la mobilité douce et la forte augmentation du nombre de vélos ont entraîné une demande croissante d’espaces et d’équipements adaptés, à laquelle la législation a fini par s’ajuster. Aujourd’hui, une de ces place de stationnement pour vélo sur un espace privé coûte environ 20 euros par mois. La gratuité sur l’espace public va compenser en partie ces coûts.

Une gratuité pour fluidifier et orienter les usages
Le choix de maintenir la gratuité est soutenu par plusieurs partis politiques. Nathalie Fontanet (PLR) souligne que « les scooters et motos occupent peu d’espace et fluidifient le trafic. Les faire payer serait décourager un mode de transport utile à la collectivité. » Du côté de l’UDC, Christophe Aumeunier estime que « Genève doit encourager les véhicules légers plutôt que de les pénaliser. » Pour le Conseil d’État, la gratuité repose sur le pragmatisme : « Mieux vaut organiser et responsabiliser les usagers que créer un système coûteux et inefficace. »
Cependant, la politique de gratuité montre ses limites. Les incivilités liées au stationnement sauvage se multiplient notamment sur les trottoirs et dans les zones piétonnes.
Selon les chiffres de la Ville, les amendes pour deux-roues sont passées de 8 323 en 2019 à 38 078 en 2023, et 2 266 conducteurs ont été verbalisés pour stationnement sur trottoirs ou pistes cyclables (+29 %). Les Verts et le Parti socialiste insistent sur la nécessité d’un encadrement plus précis : tarification douce, emplacements clairement définis et abonnements résidents.
Enfin, cette politique vise aussi à soutenir les mobilités légères dans une logique de confort et de responsabilité des usagers. La gratuité facilite l’usage des deux-roues comme alternative à la voiture, tout en contribuant à fluidifier le trafic dans une ville déjà très encombrée.
Le deux-roues : usages, électrification et santé publique
L’usage des deux-roues motorisés a fortement augmenté ces dernières années, tant pour les véhicules thermiques que pour les modèles électriques. L’électrification des vélos a bouleversé les dynamiques urbaines : certains vélos peuvent désormais être considérés comme des véhicules motorisés, impliquant une redéfinition de leur place dans l’espace public et des règles qui leur sont appliquées.
En Europe, des expériences à Lucerne, Paris, Milan ou Rome montrent la difficulté d’instaurer un paiement accepté socialement. À Paris, depuis 2022, le stationnement payant pour scooters thermiques a entraîné une recrudescence des incivilités, certains usagers préférant risquer l’amende plutôt que payer quotidiennement. À l’inverse, certaines villes italiennes ont opté pour un compromis : tarification légère, parkings dédiés et incitations à passer à l’électrique, avec une meilleure adhésion citoyenne.
Le transfert d’usage du thermique vers l’électrique contribue à plusieurs bénéfices pour la santé publique et la qualité de vie en ville : réduction du bruit, diminution des pollutions d’échappement et amélioration de la sécurité respiratoire des habitants. L’électrification améliore également le confort d’usage pour les cyclistes et conducteurs de deux-roues, tout en réduisant l’impact environnemental et sonore dans les centres urbains.
Toutefois, l’augmentation des deux-roues dans les zones densément peuplées entraîne des tensions sur l’espace public, notamment sur les trottoirs. Elle pose la question des enjeux pour l’équilibre économique, social et environnemental des mobilités.
Genève, en maintenant la gratuité, cherche à encourager l’usage de véhicules légers et électriques, tout en organisant leur stationnement pour limiter les incivilités et garantir une cohabitation harmonieuse entre tous les usagers.
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