La processionnaire du pin touche à nouveau le Piémont et la Ligurie, les Alpes-Maritimes et même Paris, profitant notamment de la douceur du climat de ces dernières semaines. La prolifération affette désormais de nombreuses zones dans les Vallées de Cuneo et d’Alessandria ainsi que le Parc des Alpes Maritimes, qui ont lancé ces derniers jours une véritable alerte ; à Recco, en revanche, le maire Carlo Gandolfo a signé une ordonnance datée du jeudi 15 février par laquelle il invite les citoyens à intervenir dans leurs propriétés pour lutter contre la propagation de ces ravageurs.
Qu’est-ce que c’est la processionnaire du pin?
La terminologie « noctuelle processionnaire » désigne plusieurs espèces appartenant au genre « Thaumetopoea », dont les plus connues et les plus répandues dans l’espace alpin sont la « Thaumetopoea pityocampa » (processionnaire du pin) et la « Thaumetopoea processionea » (processionnaire du chêne). Leur nom provient de la tendance de ces animaux à se tenir en file indienne à la recherche de feuilles pour leur subsistance, à la manière d’une « procession ».
Les jeunes spécimens se présentent sous la forme de petites larves couvertes de poils urticants, mais en entrant dans le stade adulte, ils subissent une métamorphose et se transforment en insectes semblables à des papillons de nuit.
Les dégâts liés à la processionnaire du pin
Vorace dès sa naissance, la processionnaire a tendance à se nourrir abondamment des feuilles des arbres qu’elle habite, ce qui entraîne leur défoliation. C’est au printemps et à l’automne que les dégâts sont les plus importants, rendant les plantes plus sensibles aux attaques de parasites et portant ainsi à leur mort.
Le contact de la peau avec les poils de la processionnaire peut provoquer une réaction cutanée immédiate qui se manifeste par un érythème terne associé à des douleurs et à des démangeaisons. Si, en revanche, sont les muqueuses à être exposées, la réaction devient irritative et inflammatoire, y compris des problèmes respiratoires en cas d’inhalation.
Les animaux sont également concernés par l’exposition à la processionnaire, les chiens, les chats et les chevaux risquant davantage d’ingérer ou d’inhaler les poils en raison de leur habitude de renifler le sol ou de brouter l’herbe.
Que faire en cas de découverte d’un spécimen ?
Selon la plaquette d’information éditée par le Parc des Alpes Maritimes, la processionnaire est facilement reconnaissable « grâce au comportement grégaire des larves qui se déplacent en formant de longues files » ; de plus, « les chenilles adultes ont une tête noire et un corps grisâtre sur le dos, sur lequel se détachent des touffes de poils rouge fauve » et elles forment sur les branches des arbres « des nids qui ressemblent à de grosses boules de coton ».
Si un spécimen est repéré, il est recommandé d’éviter de « se tenir sous les plantes infestées » et de « toucher les nids, les larves et l’écorce à mains nues ». Il convient également de veiller à « ne pas répandre de poils urticants dans l’air » et, en cas de contact, de rincer à l’eau et au savon la partie de la peau ou des muqueuses touchée, ainsi que les vêtements portés, à une température d’au moins 60 degrés ; si on s’aperçut d’irritations et d’autres désagréments, il est conseillé de contacter son médecin.
La processionnaire du pin dans les Alpes
L’ensemble de l’espace alpin est aujourd’hui plus sensible à la prolifération de la processionnaire du pin en raison du changement climatique et de l’augmentation des températures moyennes saisonnières. Dans certains lieux, elle a pu développer une résistance aux températures hivernales froides, ce qui a considérablement réduit son taux de mortalité et lui a permis de se reproduire même deux fois par an.
Depuis octobre dernier, les territoires piémontais de Cuneo et d’Alessandria ont dû faire face à ce ravageur et ont dû mettre en place des mesures de désinsectisation. En Vallée d’Aoste ce problème est particulièrement répandu à basse altitude dans la moyenne Vallée et dans la basse Vallée et a fait l’objet d’une étude régionale spéciale et d’un projet d’élimination au cours des dernières années.
En France, la situation est encore plus grave car de sa zone d’origine, les forêts de conifères du sud-est, la processionnaire du pin s’est propagée avec la complicité de la chaleur jusqu’au nord de Paris. Elle y colonise non seulement les pins mais aussi les arbres et les plantes des jardins urbains, rendant presque vain le plan de lutte de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES) basé sur la destruction des nids, l’abattage des troncs et l’installation de pièges.