Il s’agit d’un livre sur un sujet difficile et compliqué, celui écrit par Alberto Toscano et intitulé Camarade Balabanoff, vie et luttes de la grand-mère du socialisme. Car Angelica Balabanoff eut une vie tourbillonnante et difficile à saisir, dans sa constance personnelle et en traversant quelques-uns des moments les plus importants de l’histoire du XXe siècle, au contact de Lénine, Mussolini, Turati, Bebel, Zetkin, Luxembourg, Labriola, Trotsky.
Balabanoff a laissé son empreinte dans de nombreux pays, de la Belgique à la Suisse, de la Russie bolchevique aux États-Unis, de l’Autriche à la Suède, de la petite ville de Černihiv près de Kyiv où elle est née vers 1877 à l’Italie où elle est morte, à Rome, en 1965.
Un livre en France
Le livre est publié en France, chez Armand Colin. Chaque pays a sa propre lecture de Angelica Balabanoff : l’Italie se souvient d’elle comme d’une révolutionnaire, d’une féministe, de la petite amie du jeune Mussolini encore à initier aux lectures socialistes, puis d’une anticommuniste après la Seconde Guerre mondiale, au point qu’elle rejoint le Parti social-démocrate de Giuseppe Saragat en 1947. En France, Balabanoff s’inscrit dans l’histoire nationale du socialisme. Le livre de Toscano a le mérite de montrer sa dimension européenne, précisément en raison des relations qu’elle a entretenues et des pays dans lesquels elle a vécu.
Dans la première moitié du XXe siècle, elle est une figure de proue : en 1919-1920, elle est secrétaire de la IIIe Internationale socialiste, mais rompt avec Lénine en 1921 après l’insurrection de Kronstadt. Pour Mussolini, qu’elle avait côtoyé à la direction du journal socialiste italien L’Avanti en 1912, elle aura des mots durs pour son évolution en faveur de la guerre puis vers la construction du fascisme.
À Lugano, elle fonde le journal Su, compagne, (Allez, camarades) qu’il emmène ensuite à Venise ; avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, elle se déplace en France et en Suisse (où elle continue à diriger L’Avanti), puis à New York. Elle est aussi en Suède et en Autriche, avec les dirigeants des partis socialistes de ces pays. En Italie, lieux si prisé par son environnement culturel d’origine, on a donné son nom à des écoles, à un poste dans le Famedio du Cimetière monumental de Milan et des livres, comme celui d’Amedeo La Mattina, Mai sono stata tranquilla, paru en 2011.
Un livre d’Alberto Toscano
C’est justement parce qu’il vient de la plume d’Alberto Toscano que Camarade Balabanoff est un livre à lire. Ses pages portent un regard capable de traverser les frontières, c’est pourquoi Nos Alpes en propose la lecture.
Alberto Toscano a été le correspondant à Paris de nombreux journaux italiens et intervient souvent à la télévision pour commenter l’actualité politique, comme le 31 mai dernier sur TV5 Monde. Il est président du Club la Presse européenne à Paris et fondateur de la section italienne de l’Union de la Presse Francophone (UPF).
Alberto Toscano a écrit de nombreux livres qui permettent aux lecteurs français et italiens d’ouvrir les yeux sur les relations entre l’Italie et la France comme Sacrés Italiens ! d’Armand Colin, et Benedetti Italiani! (Della Porta) de 2014 ou Ti amo Francia : De Léonard de Vinci à Pierre Cardin, ces Italiens qui ont fait la France, également Armand Colin, en italien chez Baldini&Castoldi, Gli italiani che hanno fatto la Francia, de 2020. Ses livres sont à proposer à la lecture dans un contexte transfrontalier, en Italie et en France.
Ils peuvent également être utiles pour aborder des chapitres de l’histoire récente sous des angles particuliers, comme Un vélo contre la barbarie nazie. L’incroyable destin du champion Gino Bartali (Armand Colin) en italien sous le titre Gino Bartali. Una bici contro il fascismo (Baldini&Castoldi), paru en 2018.
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