Perché sur un petit promontoire sans défenses naturelles, accroché au pied de sommets aux pentes blanches saisissantes, le Château de Fénis offre à ceux qui l’admirent une plongée féerique dans l’hiver de la Vallée d’Aoste. Considéré unanimement comme l’un des manoirs les plus célèbres de la région, il attire plus d’un regard avec son extérieur médiéval et une richesse artistique intérieure qui compte parmi les plus connues d’Italie.

Une histoire de 800 ans
Le Château de Fénis apparaît pour la première fois dans un document daté de 1242, dans lequel il est identifié comme la propriété du Vicomte d’Aoste de l’époque, Godefroi Ier de Challant, et de ses frères. Ce n’est toutefois qu’entre 1320 et 1421 environ qu’Aymon de Challant, son propriétaire de l’époque, entreprend la longue série de travaux de rénovation et d’agrandissement qui ont contribué à donner au manoir sa forme actuelle.
Ceux-ci se poursuivirent sous la direction de son fils, Boniface Ier de Challant, à la mort duquel l’édifice s’approche et s’engage sur la voie d’un lent mais inexorable déclin. Pendant environ 250 ans, les activités de construction entrent dans une phase de stagnation, entrecoupée par la commande sporadique de quelques peintures et fresques, et par des changements de propriétaires successifs qui rendent le manoir une écurie.
Le 3 septembre 1895, le château est cédé à l’État italien qui, trois ans plus tard, lance une première campagne de restauration pour le préserver de la dégradation totale. Dans les Années 1930, il a été transformé en musée consacré au mobilier valdôtain, avec divers objets trouvés sur le marché des antiquités.

Un accrochage artistique unique
Ce n’est pas seulement l’extérieur du Château de Fénis, avec ses hautes tours et ses murs infranchissables, ses étroites meurtrières et ses arcs évocateurs, qui frappe par sa beauté médiévale et son caractère à la fois seigneurial et défensif. À l’intérieur, en effet, la structure conserve un patrimoine artistique unique, imprégné de certains des cycles picturaux de style gothique les plus célèbres du Nord de l’Italie.
La cour abrite plusieurs fresques dont une représentation de Saint Georges à cheval terrassant le dragon, allégorie de Boniface de Challant, commanditaire des peintures. Alors que quelques essais avec des cartouches à peine lisibles apparaissent le long du balcon, le côté est est occupé par des œuvres à fond biblique confiées au peintre Giacomino d’Ivrée au XV siècle.
Les cheminées, qui servaient à la fois à chauffer les pièces et à préparer les repas, restent extraordinaires par leur grandeur et leur décoration. La chapelle voisine, dont les peintures ont été réalisées par des maîtres proches du peintre de la cour de Savoie Giacomo Jaquerio, présente également des représentations de sujets sacrés ; ceux-ci relèvent du style Gothique international qui s’est répandu dans toute l’Europe à partir de la seconde moitié du XIV siècle.

Le Château de Fénis aujourd’hui
Aujourd’hui, le Château de Fénis, déclaré monument national en 1896, appartient à l’administration régionale de la Vallée d’Aoste et est visité par plus de 100 000 personnes chaque année.
Dans le passé, il a servi de décor à des films comme « Fracchia contro Dracula » de Neri Parenti (1985) ou à des séries télévisées comme « La Freccia nera » de Fabrizio Costa (2006). De plus, outre le timbre qui lui a été consacré par la Poste italienne en 1976, il est le protagoniste d’une pièce de monnaie de la série « L’Italie des arts » représentant la légende de Saint Georges et du dragon.
Ceux qui souhaitent découvrir la beauté médiévale et féerique du manoir ont la possibilité de le faire lors des visites guidées organisées régulièrement tout au long de l’année, avec réservation conseillée sur la plateforme de billetterie MIDA. Les heures d’ouverture sont de 10 heures à 13 heures et de 14 heures à 17 heures entre octobre et mars et de 9 heures à 19 heures entre avril et septembre, avec fermeture le lundi sauf en juillet et août et les jours fériés.
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