Nichée entre les Alpes piémontaises et les Alpes savoyardes, immergée entre la Vallée de Suse et la Vallée de Maurienne, « La route du Mont-Cenis » est depuis des siècles un passage et une voie de communication entre l’Italie et la France. Et c’est précisément ce rôle prédominant dans le transit entre les Pays et dans le contact entre les cultures qui est analysé par Roberto Catuzzo Moglia dans le livre homonyme. Celui-ci peut être achetée dans les principales librairies italiennes en général et piémontaise en particulier ou en ligne au prix de 18,00 euros.
« La route du Mont-Cenis »
« La route du Mont-Cenis » est parallèle à la Doire Ripaire, qui prend sa source au Col du Montgenèvre, en Savoie, mais qui traverse ensuite la frontière et une partie de la Vallée de Suse, dans le Piémont. Ce n’est pas un hasard si, au fil du temps, elle a été l’une des grandes routes commerciales où sont passés des peuples comme les Gaulois, les Romains et les Sarrasins et des armées comme celles de la Savoie, de la France et de l’Espagne.
Mais la morphologie complexe du territoire n’a certainement pas favorisé le versant piémontais, qui a dû, au fil du temps, construire des retranchements et des fortifications sur des reliefs rocheux surplombant la vallée. Ainsi, de part et d’autre, des Forts comme ceux d’Exilles et de Fenestrelle au XVIII siècle et de Varisello et du Mont-Froid au XIX siècle ont été construits pour protéger des cols bien connus reliant les États alors rivaux.
Un « voyage aventureux »
Dans l’Antiquité, le passage du col était pour le moins aventureux, se déroulant en l’absence de pistes, sur un itinéraire escarpé et sujet aux éboulements, vite abandonné. Au Moyen Âge, le parcours évolue et s’enrichit de deux lieux de repos, l’Abbaye de la Novalesa et l’Hospice du Mont-Cenis, tous deux lieux d’assistance et d’hébergement pour les pèlerins et les voyageurs.
Mais c’est au cours du XIII siècle que le trafic sur « La route du Mont-Cenis » s’est considérablement accru, sans pour autant diminuer les dangers liés à sa traversée, notamment la possibilité de rencontrer des animaux féroces ou des brigands. Le « Chemin royal » n’est donc pas facile à traverser en raison de l’absence d’infrastructures empêchant ou du moins rendant difficile le passage des charrettes et des carrosses.
Les conditions d’utilisation se sont améliorées au XIX siècle, lorsque de nombreuses installations ont commencé à être construites sur la « Route napoléonienne » pour accueillir et soigner les personnes et les animaux. C’est celle-ci qui a donné l’impulsion à la construction d’une véritable route avec des ponts et des tunnels, encore partiellement praticable aujourd’hui et partiellement submergée en raison du barrage voisin de 1968.
Entre route et chemin de fer
Pendant des années, le Col du Mont-Cenis a été le seul lien entre les grandes villes de Turin et de Modane, jusqu’à la construction du Tunnel ferroviaire du Fréjus entre Bardonecchia et Modane en 1871. Comme le rappelle Roberto Catuzzo Moglia, le tunnel routier, l’une des principales liaisons transalpines entre la France et l’Italie, a ensuite été réalisé en 1980 et doublé en 2014.
Cependant, il y a eu une petite parenthèse historique dans le passé où le Col a servi de liaison ferroviaire entre l’Italie et la France grâce au chemin de fer du Mont-Cenis. Connu également comme chemin de fer Fell, du nom de son constructeur John Barraclough Fell, il a été exploité entre 1868 et 1871 sous la houlette de la British Mont Cenis Railway Company.
En quelques années, l’infrastructure a transporté environ 100 000 voyageurs et a également été utilisée par la Royal Mail pour acheminer le courrier à destination et en provenance du port de Gênes et des Indes britanniques. Avec l’achèvement du Fréjus, elle a été fermée et démantelée, mais il en reste encore quelques traces sur les territoires respectifs, notamment des structures murales, des tunnels et des remblais.
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