Plus grand, plus rapide et plus cher, Jandri 3S est le nouveau téléphérique des Deux-Alpes, entre Mont-de-Lans et de Vénosc (Isère). Et cela malgré le changement climatique, qui devrait épargner la station de ski à 3 600 mètres d’altitude.
L’installation d’un des plus grands téléphériques des Alpes
Si le téléphérique Jandri 3S est en service depuis le 30 novembre dernier, c’est bien le 17 janvier qui a eu lieu l’inauguration officielle, en présence des représentants du gestionnaire de la station SATA Group. Long de 6,4 kilometres, il part du pied de la station à 1 600 mètres et rejoint le sommet du glacier à 3 200 mètres.
Jusqu’ici il n’y a rien de différent avec l’ancien téléphérique Jandri 2 construit en 1985. La différence vient du temps de montée et de la capacité de transport. En seulement 17 minutes, il parcourt le trajet, avec un arrêt intermédiaire à 2 600 mètres, quand l’ancien Jandri mettait 40 minutes. Il y a également sur le Jandri 3S, 52 cabines en service pouvant transporter 32 personnes dont 24 sont assises, ainsi il peut transporter 3 000 personnes par heure, une capacité doublée par rapport à l’ancien modèle.
La réalisation du téléphérique a été conduite par l’entreprise Poma, elle-même basée près de Grenoble en Isère et propriété de l’entreprise italienne HTI. Grâce aux deux câbles porteurs et à l’unique tracteur, il est rapide et silencieux et se sert seulement de 7 pylônes au lieu des 17 nécessaires au précédent téléphérique.
Néanmoins, si le Jandri 3S est impressionnant par ses dimensions, il l’est aussi financièrement. Ce ne sont pas moins de 148 millions d’euros que SATA Group a dû débourser pour finaliser ce projet alors que les premières estimations en 2022 étaient de 63 millions d’euros.
Quel avenir pour les Deux-Alpes face au changement climatique ?
La station des Deux-Alpes se situe à 3 600 mètres d’altitude, dont 70% du domaine est au-dessus des 2 000 mètres, avec un dénivelé négatif de 2 300 mètres. On compte 88 pistes desservies par remontées mécaniques parmi lesquelles 14 téléskis, 13 télésièges, 5 télécabines, 2 3S un funiculaire, 6 tapis roulants, un ascenseur incliné et un télécorde.
Parmi les plus hautes de France, la station ne devrait pas être autant impactée dans les prochaines années par un enneigement réduit comme c’est déjà et sera sans doute le cas pour les stations de moyenne montagne. Ainsi, elle espère poursuivre l’exploitation du ski au-delà de 2050, une ambition motivée par une fréquentation en hausse ces dernières années.
Notamment car elle bénéficie du report du public des stations plus basses vers celles situées aux sommets. Mais le téléphérique, qui est utilisable toute l’année, lui permet de ne pas miser que sur le ski mais aussi sur d’autres activités comme le VTT de descente.
Le modèle économique de la station revu à la hausse
En plus du changement climatique, un phénomène lié va sans doute remodeler la pratique du ski dans un futur proche : celui de l’accès aux stations par une clientèle aisée au détriment de celle dite « familiale ». Le modèle économique des grandes stations comme celles des Deux-Alpes tend désormais à favoriser une clientèle plus internationale et plus fortunée, sur le modèle de la prestigieuse station voisine de l’Alpe-d’Huez.
Si une partie de cette clientèle internationale (et française) fréquente encore les stations de moyenne montagne, les promoteurs du ski de demain souhaiteraient les attirer vers les stations de haute montagne, plus enneigées et mieux équipées. C’est donc dans cet objectif de montée en gamme que les Deux-Alpes s’est modernisée avec ce nouveau téléphérique, dont les performances permettent assurément une bonne publicité dans un contexte de compétition entre les grands domaines skiables.
Les coûts engrangés pour la construction du Jandri 3S se répliquent finalement sur le prix du forfait, actuellement de 63 euros pour un adulte. Une situation assumée par le gestionnaire de la station, SATA Group.
Néanmoins, ce modèle économique quelque peu « jusqu’au boutiste » n’est pas dénué de risque. Pour la santé financière de SATA Group mais aussi des communes de Saint-Christophe-en-Oisans et des Deux-Alpes, l’investissement autour du téléphérique se devra d’être rentable alors que le réchauffement climatique s’accentue.
Sans chercher à jouer les oiseaux de mauvaise augure, l’année 2024 a tout de même vu pour la première fois la température mondiale augmenter de +1,5 degré, seuil limite alors voulu pour limiter les effets du réchauffement à la COP21 de Paris en 2015.
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