« Une paroi à soi » est un portrait de la montagne au féminin, l’histoire des premières alpinistes oubliées par les chroniques officielles, qui ont défié les limites que leur imposait la société de leur temps. Dans son essai, Linda Cottino met en lumière les exploits de femmes qui ont fait de la haute montagne un lieu d’émancipation et d’affirmation personnelle, trouvant dans la montagne un moyen de déclarer son indépendance et de réaffirmer son autodétermination.
Le livre retrace la vie et les aventures de cinq jeunes femmes qui ont eu le courage d’aller au-delà des conventions mais aussi la capacité technique de donner libre cours à une passion qui ne connaît pas de sexe. Publié en 2024 par Bottega Errante Edizioni dans la collection « Chambre avec vue », il est disponible au prix de 17,00 euros pour la version papier et de 9,99 euros pour la version e-book.
L’histoire des premières femmes alpinistes
Les premières femmes alpinistes dont l’histoire est racontée dans « Une paroi à soi » ont des parcours sportifs uniques et extraordinaires, mais sont unies par le même désir d’exploration et de liberté. Ce n’est pas une coïncidence si le titre de l’œuvre fait référence à « Une chambre à soi », un essai de l’écrivaine britannique Virginia Woolf datant de 1929, qui dénonce l’injustice sociale et le manque de liberté d’expression des femmes.
Marguerite Claudia (Meta) Brevoort est la première à grimper en vêtements masculins, brisant ainsi un tabou culturel du XIX siècle et s’attaquant à des sommets, dont les Alpes du Dauphiné, avec plus d’assurance et d’agilité. Les sœurs Anna et Ellen Pigeon ont laissé une trace indélébile avec leur première ascension du Mont Rose en 1869, lorsqu’elles ont franchi le Seserjoch, un col situé entre Zermatt (Valais) et Alagna (Piémont).
Marie Paillon, quant à elle, associe l’alpinisme à une intense activité intellectuelle, écrivant pour la Revue Alpine et contribuant à la diffusion des aventures alpines féminines. Enfin, en plus d’être une excellente alpiniste, Elizabeth Aubrey Le Blond était aussi une photographe et une écrivaine prolifique, capable de documenter son monde avec des images et des histoires qui sont toujours d’actualité.
Une petite anecdote, l’inspiration derrière le livre
L’idée de « Une parroie à soi » est née chez Linda Cottino de la découverte d’un épisode oublié de l’histoire du XIX siècle, à savoir la mort des huit alpinistes soviétiques en 1974 sur le Pik Lénine. C’est une tragédie car leur départ s’est fait en direct par radio avec le camp de base, mais l’URSS a interdit la publication des faits et peu d’alpinistes ont choisi d’en témoigner dans leurs écrits.
L’événement et la censure à laquelle il a été volontairement soumis ont fait prendre conscience à l’auteur de la façon dont l’alpinisme féminin est négligé dans le récit officiel. En approfondissant ses recherches, elle a trouvé de nombreuses histoires de sportives qui, entre le XIX et le début du XX siècle, ont défié leurs propres limites et celles de la société, et ont choisi de les raconter pour rendre hommage à leur mémoire.
L’auteur, Linda Cottino
Diplômée en Histoire moderne, passionnée et profonde connaisseuse de la montagne, Linda Cottino partage sa carrière entre l’information et l’édition, la consacrant entièrement à la diffusion de la culture alpine. Après quelques expériences dans le journalisme radiophonique et social, elle a réussi à allier sa profession à sa passion en devenant rédactrice en chef puis directrice du mensuel « ALP ».
L’auteur participe à plusieurs expéditions éditoriales, puis fonde avec quelques collègues le trimestriel historique « Turin », rédige une chronique pour le mensuel Cai Montagne 360, coordonne les guides « Marco Polo » pour EDT et collabore avec les photographes de « Lonely Planet ». Elle a publié « Qui Elja mi sentite? » (« Ici Elja, vous m’entendez ? »), dédié à l’expédition d’alpinistes soviétiques qui a inspiré son essai, et « Nina devi tornare al Viso »(« Nina tu dois retourner au Viso »), un roman-document sur la première femme à avoir escaladé le Monviso.
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