Là où le chemin balisé s’arrête et où l’incertitude commence, il y a le Groupe militaire de haute montagne, dont Claude Gardien résume et raconte l’histoire de plus de dix ans dans « Frères d’altitude ». Avec son livre, il retrace les exploits, les silences et les décisions difficiles qui ont marqué la renaissance de ce groupe unique dans le panorama militaire et alpiniste européen, un récit où se mêlent la rigueur de l’entraînement et la fragilité de l’homme au pied du mur.
Ce volume est le fruit du travail d’un passionné d’alpinisme et d’escalade mais aussi d’un journaliste sportif, longtemps rédacteur en chef du magazine « Vertical ». Il est paru en octobre 2016 aux Éditions Paulsen, sur le site internet desquelles il peut être acheté dans sa version imprimée au prix de 56,00 euros.
Le Groupe militaire de haute montagne
Le Groupe militaire de haute montagne est l’une des unités les plus caractéristiques de l’armée française, créée en 1976, basée à Chamonix et fonctionnant comme une équipe de recherche et d’expérimentation. Ses missions ne se limitent pas à l’alpinisme extrême : le groupe est un banc d’essai pour les nouvelles technologies, matériaux et techniques utiles à l’entraînement des troupes de montagne et des forces spéciales dans des conditions extrêmes de froid, d’altitude et d’isolement.
Depuis sa création, le GMHM a cherché à repousser les limites connues de l’alpinisme, en participant à des expéditions dans l’Himalaya, en Alaska, en Patagonie, au Groenland et en Antarctique. Tout cela au sein d’une équipe qui a fait de la montagne son école de vie, faisant de la haute altitude un véritable test de résilience, de discipline et de passion.
Les origines
L’histoire du Groupe militaire de haute montagne a pris forme au milieu des années 1970, lorsque le général Laurens, commandant de la 27ème division alpine nouvellement créée, a réalisé que l’alpinisme de haut niveau nécessitait une structure stable. L’idée est de créer une équipe capable de rivaliser avec les meilleurs alpinistes du monde sur tous les types de terrain, personnellement sélectionnée et dirigée par le capitaine Jean-Claude Marmier.
C’est ainsi que naît officiellement le GMHM, une petite unité de dix hommes entraînés avec rigueur et destinés à explorer le monde vertical avec un esprit d’excellence. Les premières années, le groupe se concentre sur l’arc alpin, perfectionnant chaque technique et répétant des voies difficiles comme les Drus (Mont-Blanc) ou la voie John Harlin sur l’Eiger (Alpes Bernoises) avant de se lancer dans de grandes expéditions internationales dans les Années 1980.
Une histoire née d’un deuil
L’un des épisodes centraux de « Frères d’altitude » remonte à l’automne 2003, sur les pentes du Shishapangma, le quatorzième plus haut sommet du monde avec ses 8 027 mètres. L’effondrement soudain d’un cadre de neige entraîne deux de ses membres dans le vide, un coup dur pour l’unité d’élite de l’armée française, qui finit par être endeuillée et submergée par la peur.
Là où certains vacillent ou abandonnent dans le découragement, trois soldats décident de ne pas baisser les bras : ils repartent, reconstruisent l’équipe, forment de nouveaux rangs. Il faudra des années pour qu’elle s’impose à nouveau sur la scène internationale de l’alpinisme, une renaissance qui culmine avec la première traversée réussie de la Cordillère Darwin en Terre de Feu en 2011.
C’est à partir de ce tournant que les grands exploits s’enchaînent : ouverture de voies dans l’Himalaya, ascensions en Patagonie et, en 2014, le retour définitif au sommet et au style alpin sur le Shishapangma.
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