La liberté de réunion, la guerre en Ukraine et le développement de la démocratie dans les régions et les villes sont les thèmes de la 49e session du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe, qui se tient à Strasbourg du 28 au 30 octobre 2025.

Les délégués, réunis au Palais de l’Europe, examinent un ordre du jour très politique, en ces temps de guerres et de menaces pour la démocratie et les droits.

Un lieu désormais plus proactif pour le Comité des régions

Paradoxalement, le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe, qui a été considéré pendant des années comme moins important que le Comité des régions de l’Union européenne, joue désormais un rôle important, précisément en raison de l’agenda politique européen actuel.

D’une part, on a l’impression que le Comité des régions a tendance à servir de caisse de transmission au débat européen sans l’influencer directement (par exemple en ce qui concerne la centralisation des fonds structurels). D’autre part, le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe traite des questions épineuses liées aux attaques contre le modèle démocratique avec des faits qui affectent la vie quotidienne des différentes réalités nationales.

Les conflits politiques au niveau local (la protection personnelle des maires en France ou en Allemagne par exemple) ou la démocratie en général sont liés aussi à des observations sur la réduction de la liberté d’expression. D’autre part, le Conseil de l’Europe rassemble également des pays extérieurs à l’UE, et certaines questions sont cruciales, par exemple en Turquie ou en Moldavie (en dehors de l’UE), mais aussi en Hongrie (à l’intérieur de l’UE).

Le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe est également un lieu où les responsables politiques de différents pays peuvent discuter de questions d’actualité, comprendre les tendances et identifier des objectifs communs. Des personnalités de chaque pays s’y rencontrent, ainsi que d’autres personnes moins connues mais bien actives dans leur environnement municipal ou régional.

Parmi les membres figurent, par exemple, Bernard Perrut, conseiller de la Région Auvergne Rhône-Alpes, le maire de Turin Stefano Lo Russo, le maire de Valdengo et député Roberto Pella, la conseillère régionale de Ligurie Laura Lauro, David Eray du canton suisse du Jura, Christine Chevalley de la commune de Veytaux sur le lac Léman.

Les droits personnels au niveau local et l’Ukraine dans la résilience des villes, 28 octobre

La première journée s’est ouverte sur une allocution du Président du Congrès, le Belge Marc Cools, suivie d’une session consacrée à la liberté de réunion. Gina Romero, rapporteur spécial des Nations Unies, a rappelé que les villes sont souvent la première cible de la répression des droits, mais aussi les lieux où la démocratie peut être reconstruite.

Gergely Karácsony, maire de Budapest, a décrit l’érosion progressive de la participation publique en Hongrie, dans un contexte marqué par des pressions politiques et administratives.

L’après-midi du 28 octobre, l’assemblée a consacré un espace à la guerre en Ukraine. A cette occasion, le vice-premier ministre Oleksii Kuleba a appelé à un soutien politique et technique à la reconstruction, tandis que le maire de Kiev, Vitaliy Klitschko, a parlé de la « résilience de la ville » comme d’un pilier de la résistance ukrainienne.

La réunion a permis d’identifier une stratégie de redressement et de reconstruction de l’Ukraine, dans le rôle des villes et des régions. Un protocole d’accord a pris forme avec les villes de Kyiv et Rivne, et l’agglomération de Lviv.

En outre, une session a été organisée sur le rôle des régions en Ukraine pendant la guerre, montrant comment le fonctionnement et le rôle des autorités locales changent dans des conditions de crise. Mykola Lukashuk, président de l’assemblée régionale de Dnipropetrovsk, Oleksandr Tolokonnikov et Ievgen Ivanov, chefs adjoints de l’administration militaire des régions de Kherson et Kharkiv respectivement, et Yelyzaveta Kaidash, du parlement national des jeunes, y ont participé.

Liberté d’expression et polarisation politique dans les assemblées

La journée a également porté sur l’évaluation – qui est effectuée périodiquement et de manière indépendante – du respect de la Charte européenne de l’autonomie locale. Les évaluations concernant la Pologne ont été prises en compte et un échange de vues a eu lieu sur l’observation des élections en Finlande. Le premier rapport sur la Pologne fait état de problèmes critiques dans la répartition des pouvoirs entre le centre et le territoire, tandis que le second souligne la qualité du processus électoral finlandais, même si la représentation territoriale est limitée.

Le 28 octobre également, le Congrès a tenu un débat sur la liberté d’expression dans les assemblées politiques et a mis l’accent sur un autre aspect critique : la polarisation politique croissante des conseils municipaux, avec des tendances à l’opposition. En effet, il existe des cas de censure interne et d’attaques personnelles contre des administrateurs locaux dans plusieurs localités.

Les rapporteurs Véronique Bertholle et Peter Drenth ont présenté un document appelant les États membres à renforcer la protection des débats démocratiques dans les institutions locales.

Crises urbaines, drogues et jeunes

Le 29 octobre, deuxième journée des travaux, s’est ouverte avec les sessions parallèles des deux chambres (pouvoirs locaux et régions) qui composent le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux. Les thèmes abordés ont été la crise du logement, abordée à travers des modèles de construction innovants, et le phénomène de la drogue dans les villes européennes, avec l’intervention du Groupe Pompidou. Les débats ont mis en évidence le fait que de nombreuses administrations locales se retrouvent seules face à des problèmes complexes, en l’absence de stratégies coordonnées par les États.

L’après-midi, la plénière discute du rôle environnemental de la Charte européenne de l’autonomie locale (avec un texte additionnel) et de la réforme de la Semaine européenne de la démocratie locale. Un segment traitera de la sécurité urbaine et de la gestion des crises, en mettant l’accent sur les régions en guerre d’Ukraine et les modèles allemands de prévention de la violence.

La journée se terminera par une table ronde sur la participation des jeunes. Une nouvelle version de la Charte européenne de la participation des jeunes à la vie locale et régionale, révisée par un réseau de délégués de moins de 30 ans, sera présentée.

Le jeudi 30 octobre, il y aura de nouveaux rapports de suivi sur la Grèce et la Moldavie et l’adoption de la stratégie du Congrès sur l’État de droit au niveau local et régional (2025-2028).

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Directeur de Nos Alpes, journaliste. Il a collaboré avec des magazines et des journaux italiens, de Il Mulino à Limes, de Formiche à Start Magazine.

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