Au MégaMusée d’Aoste, l’exposition KIN 金 – L’or dans les arts japonais restera ouverte jusqu’au 6 avril 2026. Elle retrace le rôle de l’or dans la culture matérielle du Japon, depuis ses origines médiévales jusqu’à sa production contemporaine.
Organisée par Roberta Vergagni, experte en langue, littérature et civilisation japonaises (iamatologue) et réalisée sous le patronage du Consulat général du Japon à Milan, l’exposition explore les techniques, les symboles et les significations liés à l’utilisation de l’or dans les arts japonais, à travers des objects allant du milieu du XVe siècle à nos jours, offrant au public différents niveaux d’interprétation, de la contemplation esthétique à l’approfondissement technique et culturel.
L’or comme lumière dans la tradition japonaise
Dans la tradition japonaise, l’or n’est pas seulement un matériau précieux ou une couleur décorative, mais il est conçu comme une lumière pure. Dans le bouddhisme, il représente la splendeur de la lumière du Bouddha, tandis que dans le théâtre traditionnel Nō, il symbolise la dimension sacrée qui distingue les divinités des êtres humains. Avec le passage à l’art moderne, cette sensibilité s’est transformée : l’or est devenu la plus brillante des couleurs, tout en conservant sa valeur luxueuse et son pouvoir évocateur.
À partir de la période Edo (1603-1868), l’or a joué un rôle central dans les arts décoratifs, avant d’être affiné au cours de la période Meiji (1868-1912) et des époques suivantes. Des techniques telles que le kinpaku (feuille d’or), le kirigane, le kinran, le kintsugi et le maki-e témoignent d’une quête constante qui a conduit le Japon à développer l’une des traditions les plus raffinées au monde en matière d’utilisation de l’or.
Un itinéraire en trois sections
L’exposition est divisée en trois sections, conçues pour emmener le visiteur à travers des siècles de production artistique et artisanale.
La première section offre une vue d’ensemble des objets historiques couvrant plusieurs époques.

Un katana signé Masamune du XVe siècle se distingue parmi les œuvres exposées, aux côtés d’objets de nurimono laqués et dorés, de céramiques caractérisées par des solutions techniques audacieuses, de haori et de textiles de kimono illuminés par des fils d’or, d’élégantes ceintures obi, de peintures sur rouleaux verticaux de kakemono et d’objets en bronze liés à l’univers des bushi. La conception de l’exposition joue sciemment sur les contrastes de couleurs, alternant l’essentialité du dialogue entre l’or et le noir avec la somptuosité de l’or combinée à une riche palette de couleurs.
La deuxième section est consacrée aux gravures d’auteurs modernes et contemporains, héritiers de la tradition des gravures sur bois de l’ukiyo-e, qui ont introduit l’or comme élément distinctif dans leurs œuvres.
L’exposition présente une magnifique lithographie de Takashi Murakami, fondateur du mouvement Superflat. The Golden Age : Hokkyo Takashi (2016) fusionne la peinture d’art de la période Edo avec le Pop art contemporain, mettant en scène des crânes souriants et des fleurs sur un fond doré qui synthétise le dialogue entre tradition et modernité.

Femmes artistes contemporaines : calligraphie et kintsugi
La troisième section est consacrée à deux femmes artistes contemporaines qui interprètent l’or à travers des langages différents mais complémentaires.
Kazuko Hiraoka associe la feuille d’or à l’expressivité de la calligraphie japonaise shodō. Diplômée en 1973 de l’Académie d’art Bijutsu Daigaku de Musashino, elle a travaillé comme graphiste chez Sony avant de se consacrer entièrement à la calligraphie. En 1999, elle a obtenu le titre de maître calligraphe après quinze ans d’études à l’école Akitsu-Kai, sous la direction de Kanichi Nakata, maître de la famille impériale.
Depuis 2000, elle vit en Italie, où elle diffuse l’art de la calligraphie japonaise. Dans ses œuvres, les nuances de l’encre noire dialoguent avec la luminosité de l’or, créant des surfaces d’un grand équilibre formel.
À ses côtés, Aiko Zushi, maître du kintsugi, l’art de la restauration de céramiques avec de la laque et de l’or qui transforme les fractures en une nouvelle beauté. Originaire de la préfecture de Yamanashi, elle a étudié le kintsugi avec le maître Yoko Furuya.
Après un séjour à Turin, où elle a ouvert un atelier et enseigné à l’association interculturelle italo-japonaise Sakura, elle est rentrée au Japon, poursuivant ses activités artistiques et d’enseignement. Ses œuvres donnent aux objets une nouvelle vie, dans laquelle la technique, la philosophie et l’esthétique se rejoignent.

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