Le 4 octobre, à Paris, la Région Vallée d’Aoste est revenue au Sommet de la Francophonie, après quelques années d’absence, à l’invitation du Président de la République française, Emmanuel Macron, en présence du Président Renzo Testolin et de l’Assesseur pour les affaires européennes, Luciano Caveri.
En toile de fond, le Traité franco-italien du Quirinal, le plurilinguisme promu au niveau européen et la réglementation italienne sur la protection et la promotion des minorités linguistiques historiques.
La Vallée d’Aoste participe au Sommet de la francophonie en tant que « invité spécial ». Il s’agit d’une condition qui doit être renouvelée chaque fois. Ces dernières années, la Vallée d’Aoste n’a pas participé, aussi en raison du contexte politique local compliqué à partir des années 2000, qui a toutefois récemment trouvé un cadre plus stable. La participation de cette année revêt donc une valeur particulière.
Invité spécial
En tant qu’invité spécial, la Vallée d’Aoste ne participe pas aux réunions opérationnelles, n’a pas de droit de vote et, en principe, elle occupe même une place à part dans la salle. Cependant, elle peut, au cas par cas, interagir avec les différentes instances du système de la Francophonie, même pour des projets ponctuels.
D’autre part, compte tenu de l’autonomie institutionnelle des assemblées représentatives, le Conseil régional de la Vallée d’Aoste est membre de droit de l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF), qui existe depuis 1988.
Par ailleurs, l’Université de la Vallée d’Aoste, qui a pour l’essentiel une empreinte nationale italienne en raison de l’origine même de ses professeurs et de l’approche de la formation et de la recherche, accueille néanmoins l’une des 18 chaires Senghor, qui existent depuis 2003 en tant que point d’observation sur la langue. Elles sont présentes à l’échelle mondiale, au Québec ou en Arménie, mais aussi à Chambéry et à Lyon, qui accueille le secrétariat à l’Université Jean Moulin Lyon 3.
Il faut noter que le lien qui s’opère au niveau de l’organisation de la francophonie a, pour la Vallée d’Aoste, un caractère avant tout institutionnel et quelque peu policé. En outre, la Vallée est considérée comme un territoire plurilingue avec le français comme langue co-officielle.
Loi italienne n° 482 de 1999 et le Traité du Quirinal
Pour offrir un peu de contexte, voici quelques éléments ultérieurs. Les minorités linguistiques historiques en Italie font l’objet d’une loi de protection et de promotion, la loi n° 482 de 1999, qui, entre autres, prévoit un financement annuel pour des projets, par exemple impliquant des écoles ou des jeunes. Avec ces ressources, la Vallée d’Aoste soutient des initiatives sur le franco-provençal, par exemple avec un ghichet linguistique et la production d’outils et de publications sur la langue minoritaire. La loi prévoit des outils de protection également dans d’autres territoires.
Par exemple, dans le territoire de Pignerol, dans le Piémont, il existe des guichets linguistiques dédiés au français et à l’occitan, une douzaine de jumelages avec des communes françaises et la Semaine de la langue française qui se tient depuis 1991.
La France et l’Italie ont également indiqué dans l’article 8 du Traité du Quirinal la promotion et la diffusion de leurs langues respectives. Le double diplôme ESABAC (Maturité et Baccalauréat) est actif depuis 2010 dans de nombreux lycées en Italie et en France. Il s’accompagne d’échanges d’élèves dans les pays respectifs, notamment dans les zones limitrophes, avec le projet Transalp.
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