Le vendredi 15 novembre, l’ARPA Piémont, l’agence régionale pour la protection de l’environnement basée à Turin, a relevé le niveau d’alerte de la qualité de l’air pour dépassement des limites de PM10 pendant trois jours consécutifs. Il en résulte une restriction de la circulation pour les véhicules diesel euro 5 pendant la journée, de 8h à 19h, jusqu’au lundi 18 novembre. Cette restriction concerne non seulement Turin, mais aussi 33 municipalités de la province et d’autres localités du Piémont.
La qualité de l’air à Turin et dans le Piémont est liée à la situation géographique de la vallée du Pô, qui concentre des activités économiques et manufacturières et qui est densément peuplée.
Les politiques de réduction des émissions peinent à être mises en œuvre, même en violation des réglementations européennes et nationales. La sensibilité à la question est différente de celle des autres pays européens. Même à cette occasion, les voix des catégories professionnelles ont été plus entendues que celles des associations de citoyens ou de défense de l’environnement, ou que celles des autorités sanitaires elles-mêmes.
Comment ça marche
Les mesures font partie du « feu orange », qui est activé après avoir dépassé pendant trois jours consécutifs la limite de 50 mg de PM10, de fines particules de poussière d’un diamètre inférieur à 10 µm (micromètres) qui pénètrent dans le système respiratoire avec des dommages progressifs pour la santé.
Au niveau orange, la circulation des diesels Euro 3, 4 et 5 est interdite tous les jours, y compris les samedis et jours fériés, de 8h à 19h, tandis que les véhicules utilitaires ne sont limités qu’aux diesels Euro 3 et 4 aux mêmes heures.
L’interdiction d’utiliser des poêles à bois et des cheminées de moins de 5 étoiles (le niveau plus haut selon la norme italienne), l’interdiction absolue de la combustion en plein air et la limitation à 18°C de la température dans les bâtiments s’ajoutent à ces mesures permanentes.
Ces mesures s’ajoutent à des mesures permanentes du 15 septembre au 15 avril, avec par exemple l’interdiction de circulation pour les véhicules diesel Euro 3 et 4 en semaine du lundi au vendredi de 8h à 19h.
Enfin, Turin dispose d’un réseau dense de « couloirs » dans lesquels les véhicules soumis à ces restrictions peuvent circuler « à titre exceptionnel », contournant ainsi substantiellement les objectifs de la règle.
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Les mesures relatives aux feux de circulation orange concernent 33 municipalités proches de Turin, dont Alpignano, Chieri, Grugliasco et Moncalieri, ainsi que 24 municipalités de la plaine du Piémont, dont Asti, Alessandria, Biella et Bra. Chaque administration municipale applique les mesures en les adaptant à son propre territoire, mais avec des marges relativement étroites.
Quelques améliorations, quelques détériorations
Grâce aux réglementations de ces dernières années et à l’innovation technique, les systèmes de chauffage modernisés sont plus efficaces en termes d’émissions, y compris de poussières. Les bus municipaux et les voitures particulières sont remplacés par des véhicules hybrides ou électriques, même si ces derniers sont beaucoup moins répandus qu’en France ou en Allemagne. Le processus est cependant trop lent : ainsi, en période de froid et de ciel dégagé, la qualité de l’air se détériore rapidement.
D’un côté, il y a donc des améliorations. À Turin, à la station de mesure Rebaudengo, par exemple, il y a eu 29 jours où la limite de 50 microgrammes de PM10 a été dépassée depuis le début de l’année 2024. En 2023, au cours de la même période, il y en a déjà eu 46, et en 2022, pas moins de 65.
Cependant, dans d’autres zones, comme aux points de mesure de Lingotto et Rubino, les données se sont aggravées. Les dépassements enregistrés ont été de 32 et 23 jours respectivement, contre 24 et 19 l’année dernière.
Selon Arpa Piemonte, les particules fines (PM10 et PM2,5) présentes dans l’air ne proviennent pas uniquement des voitures et des chauffages, qui sont classés comme « émissions primaires ». D’autres particules de poussière, dites « secondaires », proviennent également de réactions chimiques qui ont lieu dans l’atmosphère et qui impliquent des gaz tels que le dioxyde d’azote et l’ammoniac.
Selon le rapport annuel de l’Agence européenne pour la protection de l’environnement, 46 800 décès liés aux seules PM2,5 (les particules fines les plus fines, qui tombent dans les voies respiratoires) sont attribués à l’Italie en 2021.
La mise à jour du plan régional et la protestation d’une association d’agriculteurs du Piémont
La même Agence note toutefois que sur le continent, des améliorations à moyen terme sont évidentes : entre 2005 et 2021, le nombre de décès dans l’Union européenne imputables aux PM2,5 a diminué de 41 %.
Le 12 septembre 2024, la région du Piémont a adopté une proposition de mise à jour du Plan régional pour la qualité de l’air (PRQA ), un instrument qui correspond au Plan de protection de l’atmosphère (PPA) utilisé dans les territoires français, comme la Vallée de l’Arve.
Le plan piémontais a des marges d’intervention étroites, concentrées sur les bâtiments municipaux et régionaux et les moyens de transport. La réglementation du système privé dépend du niveau national et des accords des régions de la vallée du Pô. Le plan est conforme à diverses directives européennes, dont la première date des années 80, 80/779/CEE.
Pour le mardi 19 novembre, Coldiretti Piemonte a annoncé une manifestation devant le Palazzo Lascaris, siège du Conseil régional du Piémont. L’association estime que les entreprises agricoles supportent des coûts excessifs en raison des mesures prises.
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