Au cours des 60 dernières années, les Alpes ont perdu plus de 170 kilomètres carrés de surface autrefois couverte par les glaciers, soit l’équivalent de la vaste étendue du Lac de Côme, en Lombardie. D’ici 2050, les glaciers situés à moins de 3 500 mètres d’altitude devraient disparaître complètement, ce qui compromettrait les réserves d’eau, l’équilibre des écosystèmes et la stabilité des montagnes.
La situation des glaciers dans les Alpes
Les données recueillies par la Caravane des glaciers 2025, le voyage d’experts et de glaciologues à travers les Alpes pour documenter le recul progressif et inexorable des « géants blancs », montrent que les fronts glaciaires fondent à un rythme impressionnant.
Le Glacier de Bessanese, dans le Piémont, est l’un d’entre eux. Au milieu du XIX siècle, il couvrait 1,75 kilomètres carrés, alors qu’aujourd’hui, il n’en couvre plus que 0,3. Entre 2010 et 2023, il a perdu 3,9 millions de mètres cubes de glace, avec un affaissement moyen d’environ un mètre par an, une situation qui, selon les scientifiques, va encore s’aggraver. La Ciamarella, également située dans le Piémont, a vu sa surface diminuer de moitié en quelques décennies, tout comme, dans le groupe Ortles-Cevedale, le Glacier Solda a vu son front reculer de 26 mètres en un an.
L’Aletsch, entre les Cantons de Berne et du Valais, a reculé de plus de trois kilomètres au cours des 100 dernières années et continue de perdre des dizaines de mètres de front chaque année. La Mer de Glace, sur le versant français du Mont-Blanc, a vu son épaisseur diminuer de plus de 120 mètres depuis 1900, obligeant même le téléphérique qui y accède à ajouter de nouvelles marches pour suivre l’affaissement rapide de la glace.
La crise invisible du permafrost
Aux pertes visibles subies par les glaciers dans les Alpes s’ajoute une transformation moins évidente mais tout aussi dangereuse : la dégradation du permafrost, une couche de sol gelé en permanence qui sert de « colle » aux pentes. Dans les régions alpines d’Europe, sa température a augmenté de plus d’un degré au cours de la dernière décennie, ce qui a entraîné une plus grande instabilité, des glissements de terrain et des effondrements, ainsi que des risques accrus pour les infrastructures de montagne.
De plus, selon les chercheurs de Legambiente, les glaciers apparaissent encore noircis par la poussière et les débris, tandis que les moraines sont de plus en plus instables et que la formation de lacs glaciaires devient plus fréquente. Le paysage alpin change de couleur et de forme – les forêts et les prairies progressent, comblant les espaces laissés par le recul des glaciers -, preuve tangible d’une rupture d’équilibre, accélérée par les événements météorologiques extrêmes qui affectent l’arc alpin.
La Caravane des glaciers 2025
Entre le dimanche 17 août et le mardi 2 septembre derniers, la Caravane des glaciers 2025 a parcouru l’arc alpin pour observer de plus près l’état de santé des glaciers. Comme chaque année, l’initiative a été promue par Legambiente aux côtés du Comité Glaciologique Italien et de la section italienne de la Commission Internationale pour la Protection des Alpes (CIPRA).
Après le départ de l’Adamello (Lombardie), le voyage a touché l’Aletsch, le plus grand glacier des Alpes, puis le Ventina (Lombardie), le Solda (Tyrol du Sud), le Zugspitze (Allemagne) et enfin les Glaciers Bessanese et Ciamarella (Piémont). Au-delà de la simple collecte de données, chaque étape a vu l’organisation d’activités de sensibilisation telles que le nettoyage des sentiers et des réunions publiques afin de stimuler une utilisation plus responsable des montagnes.
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