Le 17 juillet, Bruxelles a accordé le financement tant attendu de 64,5 millions d’euros pour la section française d’accès au Lyon-Turin, de la capitale régionale à Saint-Jean-de-Maurienne, ainsi que 700 millions d’euros pour la section transfrontalière du Lyon-Turin.
Ce financement s’inscrit dans le cadre de la Connecting Europe Facility (CEF), qui avait lancé un appel à projets clôturé le 18 janvier. La Commission européenne a en effet approuvé 134 projets sur les 408 déposés, pour un total de 7 milliards d’euros, concernant également les ports, les voies navigables interne, et donc les grands corridors européens.
Les problèmes de cofinancement en janvier 2024
En janvier dernier, la capacité de la partie française à cofinancer les études et la conception du tronçon d’accès à la ligne Lyon-Turin, précisément de Lyon à Saint-Jean-de-Maurienne, a suscité de vives inquiétudes.
En effet, cet axe nécessite une modernisation pour s’aligner en termes de capacité de charge et de vitesse sur la nouvelle infrastructure transfrontalière. Des études prévoient déjà non seulement des corrections, mais aussi l’enfouissement de plusieurs parties du tracé, réduisant ainsi l’impact sur le paysage.
Après une réunion infructueuse le 19 janvier, les différents partenaires ont bouclé leur financement, et notamment la Région Auvergne-Rhône-Alpes, alors dirigée par Laurent Wauquiez, qui a ajouté les derniers 20 millions décisifs.
Le contournement de Lyon
Le projet présenté par la partie française en janvier incluait également le contournement de Lyon (CFAL nord) , qui nécessite des travaux de modernisation similaires. Sur les 220 millions destinés à la voie d’accès française au Lyon-Turin, 50 millions concernaient uniquement ce contornement CFAL nord. La Métropole de Lyon, au sein de laquelle la ville de Lyon a une majorité politique contraire au Lyon-Turin, avait finalement accepté de cofinancer les études et la conception de ce seul tronçon, à hauteur de 5 millions.
Cette partie reste donc à la charge des finances françaises : d’ailleurs elle assure une fonction interne importante, sur l’axe Paris-Lyon-Marseille, d’où probablement l’une des raisons de son exclusion des financements européens.
Par rapport aux 220 millions demandés, en simplifiant et en arrondissant, si l’on retire les 50 millions du contournement lyonnais, le projet deviendrait de 170 millions, dont 64,5 millions proviennent de l’Union européenne, environ 40 millions sont engagés par les collectivités locales (hors les 5 millions du CFAL lyonnais), et le reste de l’Etat.
A quoi sert l’accès français
Entre Saint-Jean-de-Maurienne et Lyon, il y aura des rectifications de tracé et une ligne nouvelle, avec tunnels et viaducs, sur environ 140 km. Les travaux se dérouleront en deux parties, entre Chambéry et Lyon et entre Saint-Jean-de-Maurienne et Chambéry à Avressieu
Les sections en tunnel représenteront 61 % de l’itinéraire, la capacité de transport augmentera pour atteindre un volume de 30 à 40 TIR par heure dans les deux sens, ce qui est comparable à l’Eurotunnel sous la Manche et aux autoroutes ferroviaires.
Il en résultera une réduction de 40% des coûts de transport par rapport à la ligne actuelle et un transfert marqué des marchandises de la route vers le rail. Cette partie des travaux de l’accès français devrait coûter environ 7 milliards d’euros, selon Le Dauphiné.
Le Lyon-Turin financé par Bruxelles, la France et l’Italie
Les 700 millions alloués par Bruxelles au Lyon-Turin avec la Connecting Europe Facility contribuent comme tranche de financement européen à la section transfrontalière, qui comprend également l’accès de Turin à la frontière. Ceci explique le ratio financier de cette section, 35% des coûts pour l’Italie, 25% pour la France et 40% pour l’Union européenne. Les travaux sont estimés à 8,5 milliards d’euros, en monnaie de 2012.
Sur cet axe se trouve également la ligne historique, fermée depuis le 27 août en raison d’un éboulement à Saint-André, en Maurienne, et dont la réouverture est prévue en décembre prochain. En 2022, la ligne avait accueilli 10 500 trains dans les deux sens, dont environ 7 000 pour le transport de marchandises.
L’axe Turin-Lyon, qui fait néanmoins l’objet d’un consensus au niveau politique et de la population, a été l’objet de diverses protestations, même dures. Du côté italien, le mouvement NO TAV a mené pendant des années diverses actions, aujourd’hui relativement moins intenses mais avec de nouveaux épisodes. Les Soulèvements de la Terre avaient organisé une manifestation de protestation du côté français en juin 2023.
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