Le Swiss Data Science Center (SDSC) s’est installé en novembre au Biopôle de Lausanne. Un ambitieux centre de recherche et d’intelligence artificielle à l’heure où les enjeux autour de cette technologie s’accentuent. 

L’installation du SDSC au Biopôle de Lausanne

Le Swiss Data Science Center (SDSC), créé en 2017 sous la coupe des écoles polytechniques de Zurich et de Lausanne, s’est agrandi et s’installe dans des nouveaux locaux aux dimensions impressionnantes (95 000 m2) au Biopôle d’Epalinges, au Nord de Lausanne.

Le SDSC emploie 130 personnes, pour la majorité des spécialistes de l’intelligence artificielle et des données numériques. Le recrutement d’une quarantaine d’autres spécialistes est prévu d’ici 2028. Le rôle principal des membres du SDSC est de récolter, d’analyser puis d’exploiter les données. Celles-ci sont ensuite partagées au monde industriel, scientifique et de l’administration publique.

C’est ainsi que prend sens l’installation du SDSC au Biopôle car une majorité des acteurs cités sont déjà présents sur ce site. Le Biopôle construit en 2004, regroupe aujourd’hui une cinquantaine d’entreprises et d’instituts spécialisés dans le domaine des sciences de la vie. Les 1200 personnes qui y travaillent sont spécialisées dans le domaine de la médecine, de la neurologie ou encore de la nutrition. Il a également 25 groupes de recherches liés au Centre Hospitalier Universitaire Vaudois et à l’Université de Lausanne qui travaillent sur la recherche contre le cancer.

Grâce au travail d’exploitation des données par l’IA, le SDSC peut ainsi transférer les ressources acquises aux instituts et entreprises voisines sur le site du Biopôle mais également à de nombreuses entreprises suisses et étrangères. Parmi les entreprises partenaires on retrouve l’entreprise pharmaceutique suisse Lonza, les groupes Johnson & Johnson ou encore Michelin et Decathlon, signe que les données produites ne se limitent pas au domaine de la santé. Les banques AXA et Lombard Odier participent également en partie au financement du SDCS.

Le rôle primordial du Canton de Vaud

Le Canton de Vaud, dont l’objectif est de renforcer l’influence du Biopôle dans le domaine de l’IA, a apporté une aide financière conséquente de 7,5 millions de francs suisses (8 000 000€) jusqu’en 2028. Cette approche lui permet d’être compétitif à la fois à l’échelle suisse mais également à l’échelle européenne. A terme, le canton souhaite créer une centaine de postes supplémentaires grâce à cet investissement. 

A cela s’ajoute un apport financier important, nécessaire au fonctionnement du SDSC pour les prochaines années. Le Conseil fédéral des écoles polytechniques suisses (EPF) a ainsi doté le Centre d’un budget de 60 millions de francs suisses (64 millions d’€) pour la période 2025-2028.

Former les scientifiques de demain

Le SDSC qui est né grâce à l’action des écoles polytechniques conservera au sein de ses nouveaux bâtiments à Lausanne un fort lien avec le monde académique. Le SDSC va donc accueillir et former des étudiants au travail sur les données et l’intelligence artificielle. Ce sera le cas pour l’EPHL de Lausanne et les PSI et EPFZ de Zurich. L’EPHL, au bord du Léman se démarque car elle est considérée comme une des meilleures universités européennes. Les 10 000 étudiants sont en majorité suisses mais l’université accueille un fort contingent d’étudiants français. Peut-être que cela posera des questions à l’avenir sur la formation et le transfert de compétences d’une technologie primordiale à des étudiants non-suisses.

L’IA comme accélérateur des projets scientifiques

Le rôle concret de l’intelligence artificielle peut sembler encore flou pour le grand public, qui a pris connaissance de cette technologie en 2022 avec l’apparition d’OpenIA et ChatGPT. Néanmoins, les projets de recherche grâce à l’IA sont déjà actifs depuis une petite dizaine d’années. C’est le cas du SDSC qui compte en tout 70 projets liés à l’utilisation de l’intelligence artificielle.

Concrètement au SDSC, un des projets concerne le traitement des données épidémiologiques par l’IA, ce qui permet une meilleure prévision des épidémies comme celle du Covid-19. L’avantage de l’IA dans le cadre d’une utilisation scientifique est la rapidité et la quantité de données récoltées puis traitées. Le résultat est sans commune mesure avec le travail d’un humain.

Pour le territoire alpin, deux projets sont intéressants pour étudier l’évolution de l’environnement montagneux. Le projet EAGLE, qui grâce à la collecte de données satellites permet d’établir des modèles de mouvement de pente. Cela aide les scientifiques à comprendre les mouvements de masse montagneux. Le projet TIRET, avec un traitement similaire de données satellites favorise la compréhension de l’évolution des cycles hydrologiques. 

La France et l’Italie suivent-elles le rythme de l’IA suisse ?

Alors que le Canton de Vaud avec le Swiss Data Science Center s’engage pour les prochaines années dans une recherche technologique de pointe, qu’en est-il des pays européens voisins ? A l’heure où face aux Etats-Unis et à la Chine, l’Union Européenne cherche à ne pas se faire distancer dans la course à l’intelligence artificielle, tout en protégeant les données personnelles des citoyens, l’Italie et la France divergent quelque peu sur l’application et la stratégie.

Selon le classement du média anglais Tortoise de septembre 2024, qui classe les performances des pays dans leur utilisation de l’IA, la France est actuellement 5ème, la Suisse occupe la 12ème place et l’Italie est au 24ème rang.

La comparaison entre la France et l’Italie aide à visualiser les différents écarts de développement. Les domaines de la recherche et l’environnement de travail sont similaires aux deux pays mais l’Italie connaît des faiblesses au niveau des infrastructures, du développement des programmes et de la commercialisation des données. Les stratégies gouvernementales des deux pays sont équivalentes et ambitieuses.

Du côté italien, le gouvernement était d’abord réticent à propos de l’utilisation de l’IA et avait mis un coup d’arrêt symbolique au robot ChatGPT en mars 2023. Le revirement du gouvernement italien autour de l’accès à l’IA démontre la primordialité de cette technologie pour les années prochaines.

La forte concurrence internationale autour du financement de l’IA conduit notamment Paris a organiser en février 2025 le Sommet pour l’action sur l’IA. Une centaine de chefs d’états et d’entreprises seront présents, dont Donald Trump et Elon Musk.

L’IA dans le territoire Nos Alpes

Le territoire de Nos Alpes est également dynamique avec la Région Auvergne Rhône-Alpes qui recense 431 entreprises et starts up. Principalement situées entre Grenoble et Lyon. La ville du Turin en septembre 2024 a accueilli l’Institut de technologie italien pour l’IA. Le Piémont qui cherche d’ailleurs à devenir un des pôles de l’IA en Italie, bénéficie de l’investissement du fabricant singapourien Silicon Box dans la région. Ce serait environ 1 600 emplois qui seraient créés autour de la technologie de l’IA.

LIRE AUSSI :

L’Institut sur l’intelligence artificielle sera présenté à l’Italian Tech Week de Turin

« Trial Match 2 » : l’intelligence artificielle dans les essais cliniques en oncologie

Exit mobile version