La ville de Genève souffre des coupes dans les financements à l’ONU et aux organisations internationales décrétées par les Etats-Unis et leur président, y compris des interruptions ou des suspensions de financements et de projets.
En réponse à la crise de l’économie et de l’emploi, le gouvernement genevois a présenté une proposition financière pour soutenir temporairement le secteur, qui emploie plus de 36 000 personnes dans le canton et a un effet financier de 4 milliards de francs suisses par an. La proposition a été approuvé par le Grand Conseil le 14 février dernier, et le dispositif est désormais en route.
Le secteur des Nations Unies et des ONG en danger à Genève
La Genève internationale souffre de la réduction des financements internationaux.
Les Etats-Unis ont brutalement réduit leur soutien, mais l’Occident en général développe par ailleurs des plans de réduction des engagements dans la coopération internationale.
Plusieurs Pays européens, dont la France, l’Allemagne ou la Suède, réduisent leurs contributions, dans le but de ramener l’aide, pour ceux qui sont au-dessus, à 0,7 % du PIB. En Suisse, par exemple, l’engagement financier est également en baisse : de l’arrêt du soutien aux projets en Amérique latine à la réduction de 110 millions de francs suisses pour la coopération internationale pour 2025 et de 321 millions de francs suisses pour 2026-2028.
Cependant, la rapidité et l’intensité de l’arrêt des financements de la part des États Unis ont créé une situation qui n’a pas laissé des marges d’adaptation, même pour les travailleurs.
Bien que son aide soit relativement faible par rapport au PIB (0,24%), Washington contribue en termes absolus au 26% du budget total des agences de l’ONU, tandis que certaines institutions comme le Fonds mondial et l’ONUSIDA en dépendent jusqu’à 40%. Plusieurs projets ponctuels sont aujourd’hui bloqués, notamment dans le domaine de la santé et du VIH/SIDA, ce qui a des répercussions sur les organisations humanitaires et les ONG.
Licenciements et retards de paiement
Les licenciements dans les ONG augmentent rapidement, les contrats de consultance sont résiliés. L’Office cantonal de l’emploi (OCE) à Genève a reçu deux demandes de licenciements collectifs et a mis en place une hotline pour les travailleurs humanitaires.
Selon Delphine Bachmann, cheffe du Département de l’économie et de l’emploi (DEE), Genève compte 457 ONG en plus des agences de l’ONU, dont 250 emploient du personnel dans la ville. Plusieurs d’entre elles se retrouvent soudain en manque de liquidités car elles voient s’interrompre à la fois des projets et mais aussi, dans certains cas, des paiements pour des activités déjà réalisées. Elles sont donc contraintes de licencier ou certaines ne sont plus en mesure de payer leurs salaires.
Plusieurs agences des Nations Unies, telles que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), connaissent également des difficultés financières. L’Office des Nations Unies à Genève (ONUG) n’a pas annoncé de réduction de personnel, mais a réduit les déplacements ainsi que les horaires de chauffage et l’accès aux installations, selon La Tribune de Genève.
10 millions de francs suisses
Le gouvernement genevois a déposé un projet de loi pour soutenir le personnel des ONG en crise, qui a été approuvé par le Grand Conseil le 13 février. Un fonds de 10 millions de francs suisses est destiné à soutenir les travailleurs licenciés en leur versant une indemnité pour une durée de trois mois. L’application de la mesure est en cours.
La mesure est transitoire et vise à atténuer l’effet immédiat des coupes, en apportant une compensation sociale, tout en permettant une phase d’adaptation de l’emploi. On tente ainsi de conserver des compétences qui seraient parties ailleurs sans leur laisser le temps de se construire ou de chercher de nouvelles opportunités.
Deuxièmement, la mesure vise à compenser les dommages causés à la dimension internationale, diplomatique et multilatérale de la ville.
D’autre part, les grandes négociations et conférences internationales se font de plus en plus rares à Genève, tandis que ces réductions de financement et d’activités risquent également d’affecter son image publique internationale.
LIRE AUSSI: Dialogue France-Italie à Paris sur la défense, en contexte d’urgence