Au 30 juillet 2025, 51 foyers de dermatose nodulaire bovine ont été confirmés dans les Pays de Savoie.
Les autorités ont mis en place des zones de protection et de surveillance dans l’Ain, l’Isère, la Vallée d’Aoste et une partie dela Suisse romande, tandis que les mesures de confinement sont renforcées et que d’évènements locaux sont annulés.
La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est une maladie virale transmise principalement par des insectes hématophages, comme les moustiques. Elle affecte les bovins, provoquant de la fièvre, des nodules cutanés et des dommages économiques considérables pour les éleveurs.
Sans danger pour l’homme, la DNC est très contagieuse entre les animaux et entraîne des restrictions de mouvements, des abattages et des vaccinations à grande échelle. La propagation dans les Pays de Savoie a conduit à des mesures extraordinaires dans les territoires voisins de la Vallée d’Aoste et de la Suisse romande.
51 foyers dans les Pays de Savoie

Selon la dernière mise à jour de la Préfecture de la Région Auvergne Rhône-Alpes, il y a 51 foyers au 30 juillet 2025.
En Savoie, il y en a 24, principalement situés dans les communes d’Entrelacs, La Biolle et Hauteluce. En Haute-Savoie, il y en a 27, concentrés à Rumilly, Massingy, Marigny-Saint-Marcel, Faverges-Seythenex, Saint Ferréol et Boussy. Dans l’Ain, il n’y a pas de foyers confirmés, mais plusieurs communes font partie de la zone de surveillance renforcée, dite zone de protection, en raison de leur proximité avec celles de Savoie et de Haute-Savoie.
Depuis le 25 juillet, neuf communes de Haute-Savoie ont été reclassées de la zone de surveillance à la zone de protection en raison de la propagation du virus. Il s’agit de la Val d’Arly en particulier, de Sallanches, Megève, Saint-Gervais, Combloux, Demi-Quartier, Domancy, Cordon, Praz-sur-Arly et les Contamines-Montjoie. À Sallanches, le conseil municipal a annoncé la création d’un fonds de soutien aux agriculteurs touchés. À Praz-sur-Arly, le maire Yann Jaccaz a signé la première mesure municipale.
En Savoie, l’épidémie a atteint le Beaufort, où elle a obligé à modifier l’étape du Tour de France d’Albertville à La Plagne, en évitant de passer par Les Saisies. La zone de protection atteint Bourg-Saint-Maurice, à deux pas du col du Petit-Saint-Bernard.
Manifestations annulées et mobilisation des territoires
La crise sanitaire a entraîné l’annulation de manifestations traditionnelles liées à l’agriculture et à l’élevage. En Savoie, la Fête du Reblochon et de l’Artisanat prévue le 10 août a été annulée.
En Vallée d’Aoste, les Batailles de reines et la manifestation Alpages Ouverts ont été annullées. Les batailles des chèvres ont également été suspendues. La Fête des Bergers, qui devait se dérouler avec diverses manifestations le 17 août au col du Petit-Saint-Bernard, avec participation transfrontalière et Bataille de reines, a été aussi annulée.
En ce qui concerne les abattages, il y en a eu plusieurs dans les zones principalement touchées par la maladie. Même dans les élevages où l’on avait d’abord résisté pour sauver des animaux apparemment sains, la rapidité de la propagation de la maladie dans les troupeaux et la gravité de l’état des animaux (nous en avons parlé dans un article de Nos Alpes) ont conduit à une entente plus rapide avec les autorités sanitaires. L’impact psycologique et social du phénomène reste toutefois très important dans les territoires et les communautés.
Un débat s’est déjà engagé sur la manière de repeupler les troupeaux, en réservant des genisses, par exemple de la race Montbéliarde. Outre les prévisions d’indemnisation, des collectes de fonds sont organisées dans les communes et au niveau des associations en faveur des agriculteurs touchés.
Vaccinations en Suisse, en Vallée d’Aoste et en Isère
En Suisse, aucun cas n’a été signalé et la campagne de vaccination est en cours. Dans le canton de Genève et la région de Terre-Sainte (Vaud), 90 % du bétail a déjà été vacciné.
Au Valais, les deux vétérinaires responsables ont presque terminé la couverture dans les régions de Ferret, Champéry et Finaut, en immunisant environ 2000 animaux. Les restrictions aux mouvements d’animaux restent en place, dans l’attente d’une évaluation de l’efficacité des mesures et de l’évolution de l’épidémie, étant donné qu’il faut attendre au moins 21 jours après la vaccination et que la Suisse a jugé opportun de considérer cette période comme étant de 28 jours.
Il n’y a pas non plus de cas confirmés en Vallée d’Aoste, et 14 communes – du Mont Blanc et des vallées latérales de la haute vallée – se trouvent dans la zone de surveillance. Les autorités valdôtaines ont élaboré un plan de vaccination de 38 000 bovins. Cependant, les doses, en provenance de Rome, sont attendues pour le premiers jours du mois d’août.
En Isère, dans un climat de grande inquiétude, sans aucun cas confirmé, les vaccinations sont en cours dans les zones de surveillance, qui concernent 120 communes. Sur un total de 60 à 70 000 animaux, la moitié devrait déjà avoir été vaccinée, soit environ 30 000. La procédure utilisée par les équipes vétérinaires est que les interventions ont toujours lieu sur place, même dans les prés, sans déplacer les animaux.
Cependant, afin d’accélérer les opérations, au sein d’un même groupe d’animaux, on les approche pour effectuer les vaccinations rapidement. Les équipes vétérinaires ont également été renforcées par des collègues des zones voisines. Mardi 29 juillet, une cinquantaine de maires se sont réunis pour faire le point sur la situation.
La situation en Sardaigne

La situation en Sardaigne, où le premier cas a été enregistré le 21 juin, est relativement stable. Par rapport à la progression rapide dans les Pays de Savoie, où l’on compte actuellement 51 foyers, la Sardaigne a connu une progression moins importante, avec 39 foyers.
Les vaccinations, selon la presse locale, seraient 5 000 jusqu’à présent, signe que l’organisation doit encore progresser. À l’heure actuelle, 2 200 animaux sont concernés et 200 ont été abattus, selon un reportage du journal télévisé Videolina du 29 juillet avec le l’assesseur régional à l’agriculture Gian Franco Satta. La Région Sardaigne a alloué environ 9 millions d’euros pour faire face à la crise.