La Fête des Alpes au col du Mont-Cenis, les 30 et 31 août 2025, a été un succès en termes de public et de qualité de la participation, au niveau des stands, des associations présentes, des spectacles et de la musique.
Ce n’était pas gagné d’avance, après la première édition au col du petit-Saint-Bernard l’année dernière, le 1er septembre. Le lieu était différent, peut-être aussi les relations entre les territoires, et il y avait un risque de météo. Au contraire, tout s’est très bien passé.
Une Fête des Alpes 2025 plus grande et plus participative
Il y a eu plus de monde au col du Mont-Cenis que l’année dernière, et le beau temps et le soleil chaud ont certainement aidé. Le dimanche, il y avait encore plus de visiteurs que le samedi après-midi, lors de l’inauguration et du premier spectacle, avec deux acteurs-athlètes, un homme et une femme, virevoltant sur la pyramide de l’église, le symbole récent du col.
On comprend alors l’effort d’organisation, qui semblait un peu excessif, pour la gestion du trafic, avec des navettes et des bus, et des parkings organisés.
D’ailleurs, le programme était plus structuré et plus riche que l’an dernier : un flux continu de séminaires et de rencontres, plus d’une trentaine de stands, de nombreuses associations participantes.
Des groupes de musique traditionnelle de Haute Maurienne et du Val de Suse sont venus, dont les épéistes de Venaus. La coïncidence avec un festival fokloristique à Suse a amené d’autres groupes européens à monter au col dans l’après-midi du 31 août. Les gens ont participé à des danses de groupe traditionnelles et ont regardé les spectacles. Devant la scène d’ouverture, l’après-midi du 30 août, il y avait une foule.
Dimension franco-italienne, mais il y a du boulot
Par rapport à la première édition de la Fête des Alpes au Petit-Saint-Bernard, on retrouve en 2025 une dimension territoriale similaire – la Tarentaise avec la Savoie et la Vallée d’Aoste sont historiquement liées, tout comme le val de Suse et la Maurienne. Cependant, au col Mont-Cenis la dimension nationale était plus nette, entre l’Italie et la France.
Les drapeaux nationaux étaient visibles, le spectacle d’ouverture sur la pyramide se terminant par une grande gerbe de couleurs des deux Pays. Il s’agit là d’un fait utile, qui renforce et contribue à la coopération du Traité du Quirinal.
D’autre part, pour ceux qui connaissent les problèmes de la coopération alpine franco-italienne, et après trente ans de projets Interreg, le récit public entendu parlait encore de « peuples cousins », d' »amitié », avec l’impression que les progrès sont toujours difficiles à réaliser dans la pratique.
D’autre part, nous venons aussi, au niveau national, de malentendus sur l’ouverture du tunnel de Tenda et du second tube du Fréjus. Pour la presse italienne, l’étape transfrontalière de la Vuelta de Suse à Voiron semblait se terminer au col du Montgenèvre, d’où elle se poursuivait vers un « au-delà de la frontière » non précisé. A l’inverse, pour les médias français, y compris régionaux, elle semblait commencer là-haut, pour s’attaquer ensuite au col du Lautaret.
C’est sans doute précisément ce travail de cohésion et de poursuite de la construction européenne que le programme Interreg et le Traité du Quirinal sont censés réaliser. Mais les gens, tels que nous les avons vus, n’étaient pas gênés, ils étaient curieux, ils semblaient habitués à la dimension commune.

Le Festival des Alpes doit continuer
On aurait pu s’attendre à un passage de relais avec les Hautes-Alpes et le Piémont lors d’une prochaine Fête des Alpes au col de Montgenèvre, mais ce ne fut pas le cas.
La prochaine fête aura sans doute lieu, mais il faudra voir où. Le Président du Département de la Savoie, Hervé Gaymard, qui a organisé la première avec la Région Vallée d’Aoste et la seconde avec la Région Piémont , est resté prudent dans l’interview qu’il nous a accordée, mais il semble certain qu’il y aura une suite.
D’après ce que nous avons vu, avec les personnes présentes, la Fête des Alpes est désormais aussi un fait économique. A la fin de l’été et de la saison touristique, les quatre restaurants du col étaient pleins, les stands ont été une occasion de communication et de présentation de produits, voire de marketing. Les réunions ont abordé les thèmes de la coopération, avec une sorte d’état des lieux des différents secteurs, chacun a pu se présenter.
La Fête des Alpes a une dimension politique aussi
Ensuite, la Fête des Alpes a aussi un double caractère politique.
L’un est plus large et plus général, car il accompagne d’une dimension populaire et participative la coopération plus froide des commissions intergouvernementales et du Traité du Quirinal, ou la coopération plus technique des projets Interreg Alcotra. A l’occasion du Festival, ces niveaux peuvent se montrer au public, expliquer ce qu’ils font, comme ce fut le cas pour certaines initiatives d’Alcotra, ou pour le groupe de jeunes du Programme.
Une deuxième dimension concerne les territoires proches de la Fête. Dans ce cas, on constate un intérêt direct des Hautes-Alpes et du Piémont pour l’organisation du prochain rendez-vous.

Une Fête des Alpes au col du Montgenèvre ?
Les Hautes-Alpes et le Briançonnais ont fortement exprimé leur demande de coopération en matière de santé avec le Piémont et les territoires voisins lors de la réunion de Courmayeur du 5 mars 2025. Par ailleurs, ils travaillent pour les JO et des ministres, dont le premier ministre, se rendent constamment à Briançon pour les travaux à réaliser, du village olympique à l’accueil des invités, des médias et des athlètes.
Turin accueillera peut-être l’une des épreuves olympiques de 2030, le patinage de vitesse, à l’OVAL, et la décision sera peut-être prise en octobre. Il y a donc un intérêt de la part de la Région Piémont et de la ville de Turin. Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Fabrice Pannekoucke, avait confirmé le 28 juillet, à Fréjus – comme le note le Dauphiné – son soutien au choix de Turin face à Thialf, le stade néerlandais de Heerenveen.
Prendre le train pour Paris
Ensuite, au-delà de cette question, la relation par le col du Montgenèvre est importante, à la fois parce que c’est un col toujours ouvert, et parce que l’habitant de Briançon peut plus facilement prendre le TGV pour Paris via Oulx et Fréjus, plutôt qu’à Grenoble ou Marseille. La ville est donc également intéressée par les travaux et la gare du côté italien du projet Lyon-Turin.
La convergence d’intérêts entre le Piémont et les Hautes-Alpes est favorable à une Fête des Alpes à Montgenèvre, même dans un format à adapter au lieu. D’autre part, il ne s’agit pas d’échéances électorales, si l’on pense aux prochaines élections municipales françaises en 2026.
Par exemple, l’assessur valdôtain Luciano Caveri était au col du Montgenèvre pour la Fête des Alpes, alors qu’il est en pleine campagne électorale pour les élections régionales du 29 septembre. D’ailleurs, Saint-Jean-de-Maurienne organise une fête de la musique italienne, pour septembre 2026, après les élections municipales.

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