Du vendredi 12 au dimanche 14 décembre, Genève s’apprête à remonter le temps avec la Fête de l’Escalade, une reconstitution de la nuit où les troupes du Duc de Savoie ont tenté un assaut sur les remparts de la ville. L’événement rappelle précisément cet épisode historique de la nuit du 11 au 12 décembre 1602, transformant les rues et les places en un parcours immersif, peuplé de figurants en habits d’époque et animé par des activités publiques.
Un peu d’histoire
La nuit qu’évoque l’Escalade est en fait l’aboutissement d’années de tensions politiques et religieuses dans l’Europe de la Réforme, qui, à la fin du XVI siècle, ont fait de Genève, une ville protestante et indépendante, proche des idées de Calvin. Compte tenu de sa position stratégique à la frontière franco-sabine, le Duc Charles-Emmanuel Ier de Savoie décide de tenter une attaque nocturne surprise.
L’opération consiste à escalader les murailles, d’où le nom d’Escalade, à l’aide d’échelles portatives, puis à faire entrer silencieusement des troupes au cœur de la ville. Mais le stratagème échoue rapidement car les sentinelles parviennent à donner l’alerte et toute la population se mobilise : miliciens, artisans, familles et même adolescents descendent dans les rues avec des armes de fortune, des pierres, de l’eau bouillante et des ustensiles ménagers.
Parmi les épisodes transmis par la mémoire populaire, il y a celui de la Mère Royaume, cette femme qui aurait renversé une marmite de soupe sur les envahisseurs, un geste qui, avec le temps, a pris une valeur plus symbolique que documentaire. Le bilan final fait état d’une cinquantaine de victimes dans les rangs savoyards et d’une poignée seulement parmi les défenseurs genevois, tandis que le Duc est contraint de battre en retraite, renonçant définitivement à une tentative de conquête directe.
La Fête de l’Escalade à Genève
L’assaut repoussé contribue à définir durablement l’identité politique et religieuse de la ville et l’épisode devient rapidement un symbole de résistance civile, d’autonomie et de liberté confessionnelle. Au cours des siècles suivants, l’Escalade a été rappelée à Genève sous diverses formes, des commémorations solennelles organisées par les autorités civiles aux traditions populaires transmises dans les familles, des récits didactiques dans les écoles aux premières reconstitutions du XIX siècle.
Aujourd’hui, au cœur de cet anniversaire, la Compagnie de 1602 et ses plus de deux mille bénévoles, dont des groupes de musiciens et des personnages historiques, défilent dans les rues de la vieille ville pour recréer des ambiances et des scènes de la vie quotidienne du XVII siècle. En outre, l’une des traditions les plus attendues est le cassage de la marmite au chocolat remplie de bonbons à la pâte d’amande, évoquant la figure populaire de Mère Royaume.
Le programme 2025
Le programme 2025 de la Fête de l’Escalade à Genève ne s’écarte guère de la tradition de ce type de fête et, dans un élan historique, comprend des cortèges officiels et des démonstrations artisanales. Il est possible d’assister à des simulations d’affrontements et de manœuvres militaires ou à des exercices de tir avec des arquebuses et des canons, mais aussi de participer à des expositions d’armements et d’équipements ou à des moments narratifs avec des dialogues et des témoignages en costumes.
Le soir venu, les rues sont illuminées par des torches et des lanternes pour créer un parcours évocateur au milieu de chorales et de musiques inspirées de l’époque, de points de ravitaillement avec du vin et des produits locaux, et de stands où l’on peut acheter des souvenirs à thème. Outre les promenades nocturnes pour les familles et les écoles, des moments sont prévus pour les enfants, tels que des ateliers, des chasses au trésor et des jeux de rôle en rapport avec les personnages du passé.
Événements parallèles
Bien avant le défilé final et les reconstitutions qui animeront le centre historique de Genève entre le vendredi 12 et le dimanche 14 décembre, l’Escalade se déploiera dans toute la ville avec une série d’événements culturels, sportifs et participatifs.
Parmi les premiers, des promenades thématiques permettront de découvrir les points cruciaux de l’ancien siège (jeudi 4 décembre) ou le passage secret de Monetier, par ailleurs fermé (samedi 13 et dimanche 14 décembre). Du vendredi 5 au samedi 13 décembre, la Bibliothèque de Genève proposera une visite commentée de l’exposition « La Nuit de l’Escalade », qui comprend des images d’archives et du matériel historique retraçant les événements et leur transmission à travers le temps. Parallèlement, les mercredi 10, samedi 13 et dimanche 14 décembre, le Musée international de la Réforme organisera des visites guidées consacrées aux protagonistes méconnus de l’affaire, du rôle de Théodore de Bèze aux liens avec la monarchie anglaise.
Le calendrier prévoit également une rencontre avec l’auteur et scénariste de bande dessinée Pierre Wazem, qui présentera le processus créatif de son œuvre consacrée à l’Escalade (mercredi 10 décembre). Dans le parc des Bastions, un jeu d’étapes conduira familles et enfants à la recherche de la figure emblématique de la Mère Royaume, un parcours fait d’énigmes, d’épreuves et de récits pour découvrir l’histoire sous une forme interactive (samedi 13 décembre).
Mais le premier grand événement attendu sera la Course de l’Escalade, programmée les samedi 6 et dimanche 7 décembre, qui permettra aux coureurs de tous âges et de tous niveaux de traverser la vieille ville. La course à pied sera complétée par l’Escalad’eau, une version aquatique de la compétition qui comprendra une épreuve de natation chronométrée à la piscine de la ville.
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