Les deux référendums fédéraux du 30 novembre 2025 en Suisse ont été clairement rejetés par le vote populaire, mais il y a eu plus, avec diverses consultations cantonales et municipales sur les politiques sociales, environnementales et économiques.
Le résultat de la votation et sa synthèse en disent long sur le contexte suisse, tant en termes de démocratie que d’implication de la population dans les décisions de dépenses et d’infrastructures, qui en France et en Italie, et dans le reste de l’Europe, sont prises par les exécutifs locaux ou territoriaux et leurs assemblées.
En Suisse, les propositions rejetées au niveau fédéral concernaient un service civique obligatoire pour l’ensemble de la population, donc aussi pour les femmes, et un nouvel impôt sur les grandes successions et donations, au-delà de 50 millions de francs suisses, pour financer les politiques climatiques.
Service civique et taxe climatique : deux « non » au niveau fédéral
L’initiative pour l’introduction d’un service civique obligatoire, qui aurait également concerné les femmes, a été rejetée à 84%. L’opposition des cantons a été encore plus large, aucun d’entre eux n’ayant soutenu le texte.
L’autre proposition, appelée« Initiative pour de futur« , présentée par les Jeunes socialistes (JUSO), a été rejetée par 78,3 % des électeurs et n’a obtenu une majorité que dans la ville de Berne et la petite ville de Schelten, dans le Jura bernois. La proposition prévoyait un impôt sur les successions dépassant 50 millions de francs, dans le but de financer la transition écologique et les mesures de lutte contre la crise climatique.
Les deux initiatives, étant des modifications constitutionnelles, nécessitaient une double majorité, à la fois des votes populaires et des cantons.
Les autres votations : soins dentaires à Genève, Lucerne et les jardins d’enfants
Outre les deux questions fédérales, la variété des décisions prises au niveau communal et cantonal avec de nombreux votes mérite une attention particulière.
A Genève, la proposition de soutien public aux soins dentaires a été rejetée par 144 voix d’écart seulement : un recomptage des voix est possible. L’initiative, soutenue par le parti socialiste, proposait l’introduction d’un bon annuel pour les soins dentaires à l’intention des personnes à faible revenu, pour un coût estimé de 45,5 millions de francs. Un renforcement des mesures de prévention et la création d’un poste de dentiste cantonal étaient également prévus. Le contre-projet élaboré par le Conseil d’Etat, soutenu par la droite, a également été rejeté par 55,6% des votants. Le taux de participation a été de 39,78%.
À Lucerne, l’un des derniers cantons à ne pas disposer d’une législation structurée en matière d’accueil de jour pour les enfants, le vote a rejeté une initiative socialiste proposant que le canton assume la responsabilité et les coûts de l’accueil extra-familial des enfants. La proposition a été rejetée avec 77,5 % des voix. En lieu et place, un contre-projet de l’exécutif a été approuvé, qui prévoit une répartition des coûts entre le canton et les communes. La mise en œuvre de la nouvelle législation coûtera environ 44 millions de francs suisses, contre 72 millions de francs suisses dans la proposition initiale.
Zones 30 km/h à Zurich et Wintenthur
Dans le canton de Zurich et dans la ville de Wintenthur – qui ont mis en place des politiques de mobilité douce – les citoyens ont décidé de limiter la possibilité d’introduire des zones supplémentaires à 30 km/h sur certaines routes où le trafic est plus important que dans les zones strictement urbaines. À Zurich, avec 56,8 % des voix, le pouvoir de fixer la limite de 30 km/h sur les routes cantonales et intercommunales a été révoqué, sauf pour des exceptions spécifiques et temporaires.
Toujours dans le canton de Zurich, un projet visant à doubler le fonds de logement de 180 à 360 millions de francs a été approuvé, tandis qu’une initiative demandant un droit de préemption pour les communes sur les terrains et les bâtiments à vendre a été rejetée.
Droit de vote des étrangers
La question du droit de vote des étrangers a fait l’objet d’une votation dans certains cantons, dont les résultats convergent vers le maintien du statu quo. Dans le canton de Vaud, l’initiative lancée par un mouvement civique et soutenue par la gauche qui proposait d’étendre le droit de vote et d’éligibilité aux résidents étrangers, a été rejetée par 63,6 % des votants. L’exclusion des étrangers du droit de vote cantonal a également été confirmée en Appenzell Rhodes-Extérieures: deux variantes de la révision constitutionnelle allant dans le sens contraire ont toutes deux été rejetées, avec des pourcentages supérieurs à 70%.
Dans le canton de Vaud, la reconnaissance automatique du droit de vote aux personnes sous curatelle de portée générale pour cause d’incapacité durable de discernement a été rejetée (71% de non). A Zoug, la révision constitutionnelle qui permettra l’accès au vote des personnes à capacité intellectuelle réduite a été acceptée à 51,3%. Le canton s’aligne ainsi sur les normes de l’ONU déjà mises en œuvre par Genève, Glaris et Appenzell Rhodes-Extérieures. Les votes dans le canton de Vaud et de Zoug, ainsi que les questions posées sont quelque peu différents, mais le sujet est toujours l’accès au vote pour les personnes handicapées mentales.
Autre sujet lié aux élections, une modification constitutionnelle a été approuvée à 63,9%, qui permettra aux Vaudois de l’étranger de voter pour le Conseil des Etats.
Fiscalité, hôpitaux, déchets, hôtels entre Zoug, Poschiavo, Obwald, Saint-Moritz, Davos
Toujours à Zoug, les citoyens ont approuvé à 68,2% une baisse de la fiscalité et à 66,7% un paquet économique de 150 millions de francs pour accompagner l’introduction de l’impôt minimum de l’OCDE. Dans le canton d’Obwald (environ 38 000 habitants), l’intégration de l’hôpital cantonal de Sarnen dans le groupe lucernois a été approuvée par 90,1 % des voix. L’hôpital deviendra une société de droit privé et 60% des actions seront reprises dans les trois prochaines années.
À Poschiavo, la révision de la loi sur les déchets, qui introduit de nouveaux tarifs et inclut les organismes publics et les écoles dans le système d’autofinancement, a été approuvée avec plus de 85 % des voix. La concession du prélèvement d’eau dans le Val Varuna pour l’irrigation agricole a également été approuvée : ce cas montre également le niveau de détail des décisions soumises au vote populaire. En revanche, à Scuol, dans les Grisons, le feu vert a été donné à la transformation du site de l’hôtel Paradis en un nouveau centre de villégiature.
A Sankt Moritz, un investissement de 114 millions de francs suisses a été approuvé pour le projet « Islas », qui comprend notamment une nouvelle patinoire. À Blenio, au Tessin, les citoyens ont en revanche rejeté le crédit pour la construction d’un nouvel InfoPoint touristique avec près de 70 % des voix.
Davos a dit oui à 73,5 % à la consolidation de la dette de l’hôpital local, tout en rejetant un projet de réaménagement routier de Davos Dorf. À Schaffhouse, 84,8 % des votants ont approuvé un financement de 130 millions de francs suisses pour la rénovation de l’hôpital cantonal, qui date en partie des années 1950. Dans les deux cas, la réorganisation du système de santé local a donc été perçue comme une priorité.
Egalement les élections partielles, et les juges de paix
Outre les deux référendums fédéraux et les nombreuses décisions cantonales et communales, des élections partielles ont eu lieu dans le canton de Bâle-Campagne. Le Parti libéral radical (PRD) a conservé son siège au gouvernement cantonal. Markus Eigenmann a battu Sabine Bucher, candidate des Verts libéraux, au second tour. Le retrait de la candidate de l’UDC Caroline Mall, arrivée troisième au premier tour, a été décisif.
Pour rappel, l’exécutif cantonal reste composé en permanence de représentants du PRD, du Centre, du PS, des Verts et du Parti évangélique.
Et ce n’est pas tout, en plus des votes fédéraux, cantonaux, locaux et des élections partielles : dans les communes tessinoises d’Arbedo-Castione et de Lumino, Romana Maretti Bordoli a été élue juge de paix avec 929 voix. À Lugano, en revanche, aucun des quatre candidats au poste de juge de paix suppléant n’a obtenu la majorité absolue : le candidat le plus voté est Roberto Galli, avec 1 107 voix.
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