Le maire de Menton, Yves Juhel, est en garde à vue depuis le 2 juillet, avec un groupe de personnes dont Mathieu Messina, le personnage le plus en vue dans une affaire qui dure depuis plusieurs mois.

Ces arrestations interviennent entre les deux tours des élections législatives, mais le contexte et le climat politique ont probablement déjà fait sentir leurs effets. Alexandra Masson, du Rassemblement national, été élue dans la circonscription de Menton au premier tour le 30 juin, avec 56,3 % de voix.

Une succession compliquée à la tête de la municipalité

Yves Juhel succède à Jean-Claude Guibal, qui a été maire de Menton de 1989 à sa mort en 2021, pendant 32 ans, ainsi que député pendant 20 ans, de 1997 à 2017. Guibal, plutôt froid sur la coopération transfrontalière, était marié à Colette Giudicelli, son adjointe devenue sénatrice de 2008 à 2020.

Juhel était à son tour deuxième adjoint de Guibal. En novembre 2021, après son décès, il est élu par le conseil au poste de maire, à une voix près, dans une ligne d’opposition au « clan » Guibal, contre la première adjointe au maire, Sandra Paire.

Des personnes de ce groupe démissionnent de leur poste, il y a des tensions sur des documents manquants, des doutes sur la surveillance des courriels, ce qui conduit le nouveau maire à déposer diverses plaintes. Le conseil municipal est dissous et en 2022, Jehel, qui annonce vouloir remettre de l’ordre dans l’ère post-Guibal, remporte les élections municipales et est confirmé dans ses fonctions de maire.

Toutefois, sa majorité reste fragile, dans les contrastes des forces qui subsistent après la mort de Guibal, malgré des ouvertures sur la coopération transfrontalière et des mesures de réorganisation dans certains secteurs, par exemple dans les dépenses pour l’école française de Vintimille.

Le port de Menton

Selon les informations qui viennent des enquêtes, le mode de nomination directe et la gestion personnelle des procédures ont peu évolué, dans un contexte de contrastes encore existant avec la vieille garde de Guibal. Mathieu Messina, personnage controversé s’il en est, a été adjoint aux finances de la Commune avant de devenir directeur des Ports de Menton, entité qui contrôle aussi les concessions balnéaires. La société est détenue à entièrement par la municipalité, et sa nomination s’est faite en opposition au clan adverse, et à la fille de l’épouse de Guibal, Céline Giudicelli, qui dirigeait la structure depuis quelques années.

Elle avait été déplacée à ce poste, par nomination du conseil municipal de Menton et donc du maire, car elle ne pouvait plus assurer la fonction de chef de cabinet du maire, son beau-père. Sous l’impulsion du Président Emmanuel Macron, nouvellement élu, l’assemblée nationale avait en effet voté en 2017 la loi pour la confiance dans la vie publique, qui interdisait l’embauche de parents proches aux membres du gouvernement, aux députés et aux maires.

À ce jour, des information de presse font état d’accusation concernant quelque 700 000 euros de dépenses sans justification de la part de Mathieu Messina et du port de Menton, qui pourraient avoir été effectuées non seulement à des fins personnelles, mais aussi au profit d’autres personnes, voire pour la campagne électorale municipale de 2022 elle-même.

Certaines informations sur des irrégularités remontent à 2021. L’enquête a finalement été confiée à la JIRS de Marseille, juridiction interrégionale spécialisée dans la lutte contre la criminalité et la délinquance organisées.

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Directeur de Nos Alpes, journaliste. Il a collaboré avec des magazines et des journaux italiens, de Mulino à Limes, de Formiche à Start Magazine.

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